Le 101e Congrès des maires sera « atypique », a promis l’Association des maires de France. Présentée aujourd’hui à la presse, cette édition, qui aura lieu du 20 au 22 novembre à Paris, marquera une inflexion dans l’attitude de l’association vis-à-vis de l’Etat : « Nous sortons d’une séquence de bienveillance pour entrer dans une logique de négociation », a prévenu son président, François Baroin.
Le discours de clôture sera ainsi l’occasion de jalonner par des propositions concrètes le chemin qui reste à parcourir pour « rétablir la confiance » entre le monde local et Emmanuel Macron, dont personne ne souhaite se prononcer sur sa présence ou non. « Il appartient à l’Elysée de faire connaître ses intentions », élude François Baroin, qui rappelle qu’il [Emmanuel Macron, nldr] « s’est engagé l’an dernier à revenir chaque année ».
André Laignel, premier vice-président délégué, glisse en aparté : « Nous avons pour le moment une réponse orale de la part de l’Elysée, mais nous attendons un retour écrit. »
Bataille sur les réseaux sociaux
Outre la possible absence du président de la République, donc, ce congrès s’annonce différent des dernières éditions par la subordination de la question financière à celles du service au citoyen et à l’action républicaine.
Secouée par la séquence de défiance sur les réseaux sociaux via le hashtag #balancetonmaire, l’association souhaite riposter sur le même terrain par un autre hashtag #macommunejytiens, soutenu par une campagne de communication média et hors-média intensive « pour restituer la place essentielle du maire dans l’équilibre républicain », insiste François Baroin.
Pour Michel Vergnier, trésorier et porte-parole de l’AMF, il y a urgence : « Selon nos décomptes, 30 % des maires ne souhaitent pas se représenter aux prochaines élections municipales car ils estiment avoir trop de pression », notamment celle des citoyens de plus en plus exigeants.
« Le ruissellement des exigences, qui fonctionne très bien, se croise avec celui des moyens, qui se tarit », constate l’élu de Guéret. Les questions financières ne seront donc pas absentes des débats à venir.
Des finances en filigrane
Une plénière jeudi 22 novembre fera le lien entre finances locales et vitalité de la décentralisation. Pour l’AMF, l’année qui s’achève est vécue comme une « annus horribilis », selon les termes d’André Laignel, marquée « par une série de promesses non-tenues » ; celle de la stabilité de la DGF en premier lieu. « 16 000 communes ont vu leurs recettes nettes baisser », rappelle le premier vice-président.
L’association craint d’ailleurs voir cette situation se répéter l’an prochain, malgré la stabilisation de la carte intercommunale, avec l’écrêtement de la DGF 2019 calculé sur la base du potentiel fiscal 2018, lui-même établi sur les périmètres intercommunaux 2017.
Fidèle à ses revendications, renforcées par la création des « territoires unis » à Marseille avec ses homologues des régions et des départements, l’AMF entend, cette année encore, dénoncer le caractère léonin des contrats financiers et des menaces qu’ils font peser sur le processus de décentralisation engagé depuis 1982.
« Nous attendons toujours des propositions sur l’aide à l’investissement liée aux contrats ainsi que sur la clause de revoyure », s’étonne François Baroin. Il prévient à ce propos : « Le taux de 1,2 % est déjà obsolète compte tenu de l’inflation », actuellement de 0,5 point supérieure au taux plafond prévu dans le contrat.
Dans un brouillard épais
Enfin, le Congrès sera également l’occasion pour l’AMF de réaffirmer son opposition au dégrèvement de la taxe d’habitation : « nous sommes actuellement dans un brouillard à couper au couteau qui nous empêche de voir la piste d’atterrissage », s’alarme François Baroin qui feint de ne pas comprendre comment une mesure qui ne concerne pas « 43 % des Français en moyenne » pourrait avoir un effet sur leur pouvoir d’achat. Il posera peut-être la question à Emmanuel Macron jeudi 22, si ce dernier fait le déplacement.
23e salon des maires
Le Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) qui se déroule conjointement au congrès accueille cette année pas moins de 294 nouveaux exposants, sur les 791 présents, répartis dans 13 grands domaines (aménagement, sports, enfance, transport, tourisme, culture, etc.) et 106 secteurs d’activités.
« Les PME seront à l’honneur », promet Julien Elmaleh, directeur général d’Infopro Digital, la société organisatrice de l’événement (et propriétaire de la Gazette des communes).
A noter que quatre remises de prix auront également lieu sur le salon :
- Le concours des Prix de l’innovation du Salon des Maires et des collectivités locales
- Les trophées de l’ingénierie territoriale organisée par Techni.Cités et La Gazette des communes
- Les trophées de la commande publique, organisée par Achatpublic.com
- Les Prix territoriaux, organisés par La Gazette des communes et la GMF.
Cet article est en relation avec le dossier
Cet article fait partie du Dossier
Congrès des maires 2018 : un rendez-vous sous haute tension
Sommaire du dossier
- Des maires inquiets de ne pouvoir tenir leurs promesses de campagne
- Ébauche de dialogue en clôture du congrès des maires
- A l’Elysée, les maires restent sur leur faim
- Contenu partenaire Baromètre RH Randstad : quels objectifs 2020 pour les collectivités locales ?
- Gestion de l’eau : renouveler les réseaux mais aussi préserver la ressource
- Contenu partenaire Comment la Caisse des Dépôts accompagne les élus au quotidien ?
- La mise en œuvre du RGPD dédramatisée au Congrès des maires
- Se représenter ou pas ? Témoignages de maires
- Sécurité : les maires craignent une « tendance à la recentralisation »
- Gilets jaunes : ce qu’en pensent les maires
- Congrès des maires : le trompe l’œil des finances locales
- Aménagement numérique : espoirs mobiles, expectatives sur le fixe
- Fonction publique territoriale : Emmanuel Macron veut donner les pleins pouvoirs aux élus
- Un hashtag lancé par l’AMF pour redorer le blason des maires
- Développement économique : la difficile application de la loi NOTRe
- Congrès des maires 2018 : vers un lifting de la réforme territoriale
- Quand les gilets jaunes s’invitent dans la transition écologique
- Fonds européens : vers une complexification de l’obtention de financements ?
- Congrès des maires 2018 : pour en finir avec une « annus horribilis »
- Au Salon des maires, la majorité joue l’apaisement avec l’AMF
- 16 % de femmes maires « au pays de Marianne » : à quand la parité ?
- Les associations d’élus font bloc face au gouvernement
- L’exécutif démine le terrain à la veille du congrès des maires
- Gouvernance du sport : bientôt des expérimentations en régions
- Des gilets jaunes sous les écharpes tricolores ?
- La moitié des maires veulent raccrocher leur écharpe en 2020
- Aménagement : un recentrage à venir pour les SCoT ?
- Le congrès des maires pour une intercommunalité à la carte
- Emmanuel Macron sèche le congrès des maires
- Commune / intercommunalité : le clash
- La dématérialisation, moteur de la modernisation de l’action publique ou du lien avec les administrés ?
- Maire et préfet, les secrets d’un vieux couple
- « Le dialogue avec les élus est vital pour Macron » – Luc Rouban
- La refonte de la carte intercommunale fait toujours des vagues
- Santé et culture : même combat pour des «services essentiels de proximité»
- Déserts médicaux : « La coercition serait contre-productive »
- Radiographie de la France après la crise
- Maires, forains et responsables de cirques tentent de normaliser leurs relations