« Servir 8 millions de repas par jour à toutes les générations ? On le fait ! », « Gérer 331 514 équipements sportifs ouverts à tous ? On le fait ! »…
Le ton est volontaire, et l’image est claire : les édiles mouillent l’écharpe, si l’on en croit la nouvelle campagne de l’Association des Maires de France, « Ma commune j’y tiens », déployée à l’occasion du 101e congrès des maires. L’objectif de ce plan de communication national ? « Combattre les discours stigmatisants et les procès injustes dont sont de plus en plus souvent victimes les communes et leurs élus », écrivent François Baroin, président de l’AMF, et André Laignel, 1er vice-président délégué, dans leur dossier d’information.
Les ravages de la campagne #Balancetonmaire
Il y a en effet de quoi faire en la matière. Au mois d’octobre, les maires ont souffert de la campagne #Balancetonmaire, qui a suivi les propos du ministre de l’Action et des comptes publics Gérald Darmanin. Ce dernier invitait chaque citoyen à regarder si la taxe d’habitation avait augmenté dans sa commune, moteur de recherche à l’appui. Les édiles qui avaient fait ce choix mettaient eux en avant la nécessité de faire face à la baisse des dotations publiques.
🎙Près de 30000 Maires sur les 36000 communes de France n’ont pas augmenté leurs taux de taxe d’habitation. Je salue leur responsabilité pour permettre la baisse d’impôts. Retrouvez les taux de votre commune sur le site des impôts ! #RTLMatinhttps://t.co/b3Rt8Ju7QG
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 12 octobre 2018
Regagner les faveurs de l’opinion
Le hashtag #Balancetonmaire, qui semblait alors faire écho à la campagne #Balancetonporc qui visait à dénoncer les auteurs de violences commises envers les femmes, a été relayé par des soutiens de LREM, et a été qualifié de « campagne de stigmatisation » par l’AMF.
« Les regrets exprimés depuis ne changent rien à la violence de l’intention, son irresponsabilité, son injustice profonde à l’égard d’hommes et de femmes qui par-delà leurs différences ont en commun leur passion de la France », a encore lancé François Baroin ce mercredi, depuis un pupitre flanqué du nouveau hashtag que veut propager l’association.Et il est encore revenu sur le sujet, avec gravité, lors de son discours de clôture, jeudi 22 novembre.
Avec la campagne « #MacommuneJyTiens », l’AMF souhaite à présent regagner les faveurs de l’opinion publique, en s’appuyant sur les différentes missions de proximité que recouvrent les fonctions d’édile. Et les maires adhèrent.
« Cette campagne de dénigrement #Balancetonmaire aurait pu être répréhensible. S’en prendre ainsi aux élus ! », lâche Eric Arrigoni, maire Modem de Castelnau-de-Médoc (Gironde). « Le maire sert à la fois de psychologue et de punching-ball », dénonce-t-il, nostalgique d’une éducation basée sur davantage de respect de la hiérarchie et du travail de chacun, révolue selon lui.
« Cette opération sur les réseaux sociaux était indigne », abonde Maire-Claude Jarrot, maire divers droite de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), qui considère que la page est désormais tournée. « Cette campagne de l’AMF est très importante, car il nous revient d’expliquer nos actions », poursuit l’élue.
« La pédagogie autour des ressources et des dépenses des communes a été un peu oubliée par le passé, il est important de montrer ce que nous faisons pour assurer le service public », précise-t-elle. La plupart des maires interrogés regrettent en effet que leur implication dans les projets de leur commune ne soient pas davantage reconnue.
Montrer « la réalité des combats » menés
« J’ai le sentiment d’être oubliée ». C’est ainsi qu’Evelyne Lefeuvre (divers gauche), résume son ressenti. Maire de Guignen (Ille-et-Vilaine), elle ne se représentera pas aux prochaines élections municipales de 2020. « Je suis épuisée, parfois énervée, en ce moment très irritée », lâche-t-elle.
Elle a tout de même trouvé la force, mercredi soir, de se faire entendre auprès du président Emmanuel Macron lors de la soirée donnée en l’honneur des maires à l’Elysée. « Je l’ai interpellé sur la situation de ma commune, nous avons un groupe scolaire à construire ainsi qu’une surface commerciale. Je constate que notre action est souvent remise en cause alors que nous endossons nos responsabilités », déplore l’édile. « Et nos administrés ne connaissent pas la réalité des combats que nous menons ».
« La campagne #Macommunejytiens » vise justement à « consolider le lien indéfectible, mais aujourd’hui fragilisé entre le maire, son équipe, et l’ensemble des habitants de la commune », a encore réaffirmé André Laignel mercredi. Tout en affichant sa détermination face à l’État. « Les maires de France continueront à dire avec force et si nécessaire face à l’État : « ma commune j’y tiens », parce que c’est leur conviction, parce que c’est leur raison d’être », a-t-il conclu.
Cet article fait partie du Dossier
Congrès des maires 2018 : un rendez-vous sous haute tension
Sommaire du dossier
- Des maires inquiets de ne pouvoir tenir leurs promesses de campagne
- Ébauche de dialogue en clôture du congrès des maires
- A l’Elysée, les maires restent sur leur faim
- Contenu partenaire Baromètre RH Randstad : quels objectifs 2020 pour les collectivités locales ?
- Gestion de l’eau : renouveler les réseaux mais aussi préserver la ressource
- Contenu partenaire Comment la Caisse des Dépôts accompagne les élus au quotidien ?
- La mise en œuvre du RGPD dédramatisée au Congrès des maires
- Se représenter ou pas ? Témoignages de maires
- Sécurité : les maires craignent une « tendance à la recentralisation »
- Gilets jaunes : ce qu’en pensent les maires
- Congrès des maires : le trompe l’œil des finances locales
- Aménagement numérique : espoirs mobiles, expectatives sur le fixe
- Fonction publique territoriale : Emmanuel Macron veut donner les pleins pouvoirs aux élus
- Un hashtag lancé par l’AMF pour redorer le blason des maires
- Développement économique : la difficile application de la loi NOTRe
- Congrès des maires 2018 : vers un lifting de la réforme territoriale
- Quand les gilets jaunes s’invitent dans la transition écologique
- Fonds européens : vers une complexification de l’obtention de financements ?
- Congrès des maires 2018 : pour en finir avec une « annus horribilis »
- Au Salon des maires, la majorité joue l’apaisement avec l’AMF
- 16 % de femmes maires « au pays de Marianne » : à quand la parité ?
- Les associations d’élus font bloc face au gouvernement
- L’exécutif démine le terrain à la veille du congrès des maires
- Gouvernance du sport : bientôt des expérimentations en régions
- Des gilets jaunes sous les écharpes tricolores ?
- La moitié des maires veulent raccrocher leur écharpe en 2020
- Aménagement : un recentrage à venir pour les SCoT ?
- Le congrès des maires pour une intercommunalité à la carte
- Emmanuel Macron sèche le congrès des maires
- Commune / intercommunalité : le clash
- La dématérialisation, moteur de la modernisation de l’action publique ou du lien avec les administrés ?
- Maire et préfet, les secrets d’un vieux couple
- « Le dialogue avec les élus est vital pour Macron » – Luc Rouban
- La refonte de la carte intercommunale fait toujours des vagues
- Santé et culture : même combat pour des «services essentiels de proximité»
- Déserts médicaux : « La coercition serait contre-productive »
- Radiographie de la France après la crise
- Maires, forains et responsables de cirques tentent de normaliser leurs relations