C’est l’un des objectifs du plan de relance : d’ici à 2022, au moins un projet alimentaire territorial (PAT) par département. A l’appui, une enveloppe de 80 millions d’euros est prévue. « La seule condition pour bénéficier du concours de l’Etat est d’obtenir la labellisation », confiée, depuis janvier, aux directions régionales de l’alimentation, l’agriculture et de la forêt (Draaf), indique Florence Aillery, responsable adjointe au bureau du pilotage de la politique de l’alimentation au ministère de l’Agriculture. Fin 2020, seuls 41 PAT étaient labellisés, mais de nombreux projets fleurissent. Le réseau national des PAT estime aujourd’hui leur nombre à 210.
Les PAT ont été inscrits pour la première fois dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014. Ils ont trois objectifs principaux : développer la consommation de produits locaux de qualité issus de pratiques agroécologiques (dimension environnementale) ; consolider les filières de production locale (dimension économique) ; donner un accès pour tous aux produits locaux (dimension sociale). Sur le terrain, « c’est la loi Egalim du 30 octobre 2018 qui a servi, pour beaucoup, de déclencheur », obligeant les collectivités à travailler sur l’approvisionnement des cantines pour atteindre l’objectif fixé par l’Etat (20 % de produits bios), constate Sophie Jacquet, cheffe du service régional de l’alimentation au sein de la Draaf de Bourgogne – Franche-Comté.
« Planté pou manzé »
Il n’y a pas de prérequis pour un PAT. Un territoire non agricole peut se lancer, telle La Réunion, où – dans le cirque de Mafate (900 hab., répartis dans dix villages ou îlets) – le parc national porte, depuis 2018, le PAT « planté pou manzé ». « Depuis trente ans, l’agriculture a été délaissée au profit du tourisme », explique Arthur Herbreteau, chargé de mission « agriculture » au parc.
Une petite production vivrière subsiste mais, dans cette zone dépourvue de routes, l’essentiel arrive par hélicoptère. « Seules sept personnes ont le statut d’agriculteur », souligne-t-il. Le défi, selon lui : « Développer la production aujourd’hui assurée par de petits producteurs non professionnels afin qu’ils fournissent des produits locaux aux 70 gîteurs qui accueillent 130 000 randonneurs par an. » Les bénéfices du projet sont multiples mais, sur ce territoire enclavé où le taux de chômage frise les 50 %, le développement de l’emploi en est un. En 2020, des sessions de formation en agroécologie, apiculture ou aquaponie ont été organisées dans le cirque par un centre de formation professionnelle de Saint-Joseph.
Pour les gîteurs et les habitants intéressés, des ateliers de cuisine ont été organisés dans les écoles, pour travailler sur des recettes gastronomiques réalisées à partir des produits locaux (patate douce, taro, haricots…).
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