[Strasbourg (Bas-Rhin) 276 200 hab.]
«L’alerte concernant les effets des contenants en plastique dans l’alimentation est récente », observe Françoise Buffet, adjointe au maire de Strasbourg. « La décision de lutter contre les perturbateurs endocriniens a été prise début 2017 avec comme conséquence de supprimer d’ici à quatre ans maximum la totalité des emballages en plastique de la restauration scolaire à Strasbourg », annonce-t-elle. Ce projet est inscrit dans le cahier des charges de l’appel d’offres, dont le lauréat est le prestataire sortant, l’Alsacienne de restauration.
La mise en œuvre de cette décision impose de profonds changements, aussi bien dans les pratiques quotidiennes que dans le travail des agents chargés de la distribution d’environ 11 000 repas servis quotidiennement. En effet, si les barquettes en plastique sont aujourd’hui condamnées en raison de leurs effets sur la santé des consommateurs, et en particulier celle des enfants, elles ont aussi de nombreux avantages. Légères et peu encombrantes, elles transmettent assez peu la chaleur et se jettent aisément à la fin du service.
Des pratiques à changer
C’est bien évidemment aussi pour réduire le volume de déchets que la décision de les supprimer a été prise.
Un parent d’élève, qui s’est engagé dans le groupe de travail initié par la ville pour rédiger le cahier des charges, évalue la production à 1,5 million de barquettes par an. Elles sont utilisées une seule fois, puis mises à la poubelle. Leur remplacement par des bacs en inox, d’une durée de vie extrêmement longue, fait presque l’unanimité. « C’est bien de ne plus jeter et d’éviter les risques sur la santé des enfants. Mais les bacs en inox sont plus grands, plus lourds. Ils sont très chauds, ce qui va demander au personnel de changer ses façons de faire », évoque une employée d’un restaurant scolaire.
Nouveaux risques
Risques de troubles musculosquelettiques, de brûlures pour le personnel et les enfants, modification des parcours de service, aménagement des locaux sont au programme de la ville.
« Il faudra investir dans des fours et des lave-vaisselle, dans la mesure où les bacs devront être rincés avant que le prestataire ne les récupère. Certains restaurants devront être agrandis. Le chiffrage de l’ensemble de ce programme n’est pas encore finalisé, les travaux seront effectués progressivement », détaille Julie Araneder, directrice du service « enfance et éducation ». En matière de formations, les services de la ville sont, là encore, en phase de réflexion pour en valider les contours : port d’équipements de protection individuels, gestes et postures appropriés… le détail est en préparation.
Selon l’Alsacienne de restauration, le remplacement intégral des contenants en plastique pourrait intervenir avant la fin de l’appel d’offres. A condition que l’ensemble des aménagements soit effectivement réalisé dans les établissements scolaires.
Stop au gaspillage alimentaire
La question du remplacement des contenants plastique et de l’arrêt de la gestion des déchets à peine traitée, un nouveau chantier s’ouvre pour Strasbourg, celui du gaspillage alimentaire. Un programme pédagogique global a été engagé depuis la rentrée, de façon à sensibiliser les enfants à ce phénomène, sur lequel ils peuvent avoir prise. L’adaptation des menus, avec la participation des parents d’élèves, est un vecteur sur lequel travaille le service « éducation ». La réduction des déchets alimentaires représente le prochain chantier des cantines strasbourgeoises.
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