Situé sous un corridor aérien, le triangle de Gonesse est une zone de terres agricoles non urbanisée de 350 hectares. Depuis plusieurs années, l’aménageur (l’établissement public d’aménagement de la plaine de France, devenu Grand Paris Aménagement) souhaite y implanter des activités.
En 2010, le président Sarkozy avait poussé à la roue pour dynamiser ce secteur en difficulté. Immochan, filiale immobilière d’Auchan, s’était alors dit prête, avec l’investisseur chinois Wanda, à mettre 3,1 milliards sur la table pour créer un mégacomplexe de loisirs et de commerces de 80 hectares. Ce qui laisse de la place pour les terres agricoles, selon les promoteurs d’Europacity. Les détracteurs, eux, fustigent l’aspect démesuré et inutile du projet, prévoyant une piste de ski intérieure et un centre aquatique climatisé. Ils craignent aussi une concurrence déloyale envers les centres commerciaux voisins.
« Mais Europacity ne sera pas un supermarché ! s’emporte Jean-Pierre Blazy, maire (PS) de Gonesse. Ce programme fait l’objet de caricatures. Il n’y aura pas de Caddies ! » Les élus du Val-d’Oise sont partants, ceux du nord de la Seine-Saint-Denis, territoire voisin, très réservés.
230 000 m 2 de magasins
« Il y aura 230 000 mètres carrés de commerces, 20 000 mètres carrés de restaurants et 50 000 mètres carrés d’équipements culturels, mais on ne sait pas précisément quoi », s’inquiète Bernard Loup, président du Collectif pour le triangle de Gonesse. Et tout cela est-il bien utile ? « Wanda bataille ferme pour pénétrer le marché des parcs de loisirs européens, poursuit Bernard Loup. L’investisseur avait un projet de ce type à Madrid, que la mairie a refusé. Alors il cible Paris. »
Une ligne de métro sinon rien
Europacity ne verra pas le jour si la future ligne 17 du métro ne s’y arrête pas. Selon Marc Pélissier, président de l’Association des usagers des transports d’Ile-de-France, les prévisions de trafic sont faibles : « La ligne 17 ne se justifie que pour appuyer l’urbanisation du secteur via Europacity. Est-ce aux pouvoirs publics de payer une ligne d’un coût estimé à 3 milliards d’euros et destinée avant tout à un grand projet privé ? »
Le programme vanté par Grand Paris Aménagement va-t-il dérouler le tapis rouge à Immochan et Wanda, qui vont tout financer ?
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes
Cet article fait partie du Dossier
Aménagement urbain : Quand la ville se livre au privé
Sommaire du dossier
- Urbanisme commercial : la fin de la folie des grandeurs
- Aménagement : quel bilan pour les appels à projet « réinventer » ?
- Entretiens de l’aménagement : « Ville pas chiante » et tiers lieux au menu
- Fabrique de la ville : rester pilotes
- Quand vélos, voitures et même commerces investissent l’espace public
- Bon coup de pioche sur l’urbanisme pour fabriquer la ville
- L’aménagement partenarial vu par Paris Sud Aménagement : un modèle pour le Grand Paris ?
- Aménagement : comment faire mieux avec moins ?
- Urbanisme commercial : « Le numérique, une chance pour le commerce de proximité »
- Urbanisme commercial : le grand recyclage des zones commerciales de périphérie
- Intercos et schémas de cohérence en première ligne pour gérer la crise de l’urbanisme commercial
- Aménagements urbains : circulez, il va bien falloir réguler !
- Cachez cette pub que l’on ne saurait voir…
- Europacity, aussi grandiose que controversé
- « Le terme privatisation ne montre que la partie émergée de l’iceberg » – Isabelle Baraud-Serfaty
- « La vision politique est indispensable au projet urbain »
Thèmes abordés
Régions