Créée en 1983, la Semmassy, entreprise publique locale présidée par Bernard Laffargue, maire adjoint de Massy (Essonne), devient Paris Sud Aménagement : un symbole de sa volonté d’étendre sa zone d’intervention, alors que les chantiers du Grand Paris commencent à se lancer, et de l’ouverture de son capital.
« Nous sommes régulièrement sollicités sur d’autres territoires, par des collectivités, ou des opérateurs privés, qui souhaitent nous intégrer dans leurs équipes dans le cadre de consultations publiques, comme facilitateur de dialogue », explique Willem Pauwels, le directeur de Paris Sud Aménagement.
Les changements de statut de l’EPL, il y a un an, vont lui permettre de lancer des opérations en propre – une opération immobilière de 200 logements en co-promotion est en cours de lancement, et de faire rentrer de nouveaux acteurs privés au capital de l’EPL (de type banques ou investisseurs institutionnels).
« Aujourd’hui il faut faire la ville autrement, nous devons travailler en partenariat avec les acteurs privés. Pour avoir une valeur ajoutée, nous devons élargir notre réseau », justifie Willem Pauwels, qui espère concrétiser cette ouverture de capital pour la fin de l’année.
Faire avec l’existant
Une démarche logique pour Paris Sud aménagement, qui travaille dans une démarche d’urbanisme négocié depuis plusieurs années.
Dans le cadre de l’aménagement du quartier Atlantis, l’EPL a dû imaginer des techniques spécifiques, pour travailler en partenariat avec les entreprises déjà présentes sur le site.
Cette zone d’activités de 120 hectares créée dans les années 50, enclavée par différentes infrastructures, est située face au hub de transports accueillant deux lignes de RER et une ligne TGV.
Maitriser l’évolution de ce parc d’activités est devenu un véritable enjeu pour la ville, qui voulait cependant conserver un maximum d’entreprises sur le site, et ne pouvait porter financièrement des acquisitions foncières.
« Nous avons donc mis en place une « ZAC incitative » : dans le plan local d’urbanisme, des modifications d’affectation des terrains vers du logement, des commerces, ont été prévues. Un schéma urbain a été élaboré pour permettre une densification supérieure à celle prévue initialement, explique Willem Pauwels. Puis nous sommes allés voir les entreprises installées propriétaires des terrains, en leur proposant de mieux les valoriser grâce à la densification possible. »
4500 logements sont prévus à terme – 3000 sont en cours de construction – et 400 000 m2 de bureaux. Certaines entreprises ont opté pour le déménagement pour valoriser leur terrain, d’autres se sont réorganisées pour développer de la surface constructible.
Avec ces techniques d’aménagement plus partenariales, la collectivité garde malgré tout la maitrise du projet, puisque différents cahiers des charges doivent être respectés comme dans toute ZAC.
Mais les chantiers peuvent paraître plus éclatés, en fonction de la volonté des différents opérateurs de faire évoluer plus ou moins vite leur terrain, et l’architecture moins uniforme.
Partenariat public-privé
A l’intérieur du quartier, la place du Grand Ouest, coeur d’Atlantis, a aussi donné lieu à une démarche particulière. Ce sont les seuls terrains que la ville a achetés, pour y construire des immeubles de logements avec des commerces au pied, un cinéma, un hôtel quatre étoiles, une salle de congrès dessinée par l’atelier Christian de Portzamparc.
Un appel à projets avait été lancé pour cette zone très découpée, avec des immeubles imbriqués, et notamment pour le financement du centre des congrès, un type d’établissement à l’équilibre financier compliqué. Là aussi la hausse de la constructibilité des terrains a permis de trouver une rentabilité financière à l’opération, pour laquelle Altara Cogedim a été retenu.
Le fonctionnement du centre des congrès et du cinéma pourra être mutualisé et source de meilleure rentabilité.
« Nous avons une culture de gestion partenariale, c’est inscrit dans notre ADN », résume Willem Pauwels. Une culture qui pourrait faire tâche d’huile dans le cadre de l’aménagement des quartiers des futures gares du Grand Paris, alors que la rareté des ressources publiques et l’importance des chantiers va obliger les collectivités à faire preuve d’inventivité.
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