La réflexion sur la mise en oeuvre de la sobriété écologique dans les bibliothèques a conduit l’Association des bibliothécaires de France (ABF) à poser un principe préalable : la nécessité de maintenir une » ouverture étendue » des équipements, comme « premier service public de proximité », sans être en contradiction avec la sobriété énergétique.
Car celle-ci « peut être utilement pensée à l’échelle d’un territoire, et non seulement d’un établissement ou d’un réseau d’établissements : réunir en un même lieu des publics et des collections, mutualiser les accès et usages de l’information etc. permet d’économiser des dépenses énergétiques individuelles. »
Gestion des collections, publics fragiles et information des citoyens
Les bibliothécaires ont ensuite identifié des marges de progression sur deux axes de travail, qui correspondent aux éléments constitutifs de leur coeur de métier – les publics et les collections – avec un certain nombre de priorités :
- pour les publics : prise en compte des personnes fragiles lors des chaleurs ou des grands froids, information des usagers et lutte contre les fausses nouvelles, notamment sur les questions écologiques ;
- pour les collections : gestion vertueuse des ressources documentaires, depuis leur acquisition jusqu’au désherbage (en cohérence avec l’article 13 de la loi « Robert » du 21 décembre 2021, qui autorise les bibliothèques à faire des dons d’ouvrage à des associations caritatives susceptibles de les revendre), l’intégration des clauses de sobriété dans les marchés publics, les bonnes pratiques en matière de conservation préventives des ressources documentaires.
Circulation vertueuse des publics et des collections
Au-delà de ce qui est déjà mis en oeuvre (baisse du chauffage, écogestes, réduction de la consommation électrique etc.), l’ABF préconise l’ouverture des chantiers suivants (dont elle détaille quelques aspects techniques) :
- un diagnostic sur les bâtiments existants (un enjeu de taille, l’association rappelant que l’ensemble des bibliothèques représentent plus de 4 millions de m2) ;
- l’ouverture d’une réflexion sur les projets d’aménagement à venir (construction ou rénovation) ;
- veiller à des modalités de circulation vertueuses, tant pour les personnes que pour les collections.
Concernant les mobilités, l’ABF évoque notamment les progrès que pourraient faire les collectivités dans ce domaine, en matière de transports en commun pour se rendre à la bibliothèque, et de logistique pour la circulation des documents lors des transferts d’une bibliothèque à une autre ou des opérations de portages à domicile.
L’association pointe par ailleurs le double intérêt de ces préconisations : non seulement la mise en oeuvre de la sobriété écologique, mais aussi la cohérence des équipements de lecture publique entre leurs pratiques et leur mission de sensibilisation et d’information sur la cause environnementale.
Références
- Bibliothèques et sobriété dans la culture : les propositions de l'ABF
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Cet article fait partie du Dossier
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