Le long de l’A10 entre Artenay et Orléans, ou au sud de la métropole, les entrepôts succèdent aux entrepôts. Au coeur de ce paysage monotone, la capitale du Centre-Val de Loire fait figure de base arrière logistique de la région parisienne, mais cette image qui lui colle à la peau depuis des années ne traduit qu’une partie de la réalité économique locale.
Entre industrie mécaniques, usines cosmétiques ou laboratoires pharmaceutiques comme John Deere, Servier, Shiseido, L’Oreal ou encore Dior, Orléans est aussi une terre d’industrie dense (14.000 emplois et 360 établissements), que la collectivité veut préserver tout en développant de nouveaux vecteurs d’attractivité.
Grâce à la labellisation Territoire d’industrie décrochée en 2023, elle compte notamment « aider les entreprises à s’adapter à la transition énergétique, favoriser des écosystème innovants et lever les freins au recrutement », explique Pascal Tebibel, vice-président de la métropole en charge de l’attractivité et du numérique.
Réseau de chaleur
Après deux ans de travail, les projets commencent à se concrétiser, à commencer par le plus ambitieux d’entre eux, la création d’un réseau de chaleur de 20 km pour alimenter les entreprises de la zone d’activité de Pôle 45, le poumon économique du nord d’Orléans, ainsi que les bâtiments publics des communes voisines d’Ormes et Saran.
L’idée, portée par la SPL Orléans Energies, consiste à utiliser la chaleur fatale de l’usine d’incinération d’ordures ménagères située à proximité, et à capter ces calories par l’intermédiaire d’un échangeur, pour chauffer les bâtiments en hiver ou les rafraichir en été.
La métropole, qui ambitionne d’être un territoire à énergie positive en 2050, a lancé un appel d’offres à l’automne pour sélectionner le prestataire qui construira et exploitera ce réseau. Le montant du projet – 50 millions d’euros – est conséquent « mais la crise énergétique a rendu compétitif ce type d’investissement lourd », relève Matthieu Schlesinger, premier vice-président. « On peut s’engager sur un tarif et cela offre de la stabilité aux entreprises. »
La procédure est toujours en cours, en vue d’une mise en service en 2028, et certaines entreprises sont déjà dans les starting blocks. C’est le cas de l’usine Honda, spécialisée dans la fabrication de tondeuses, qui va en profiter pour sortir des énergies fossiles. « Pour nous c’est une étape clé. Nous avons prévu d’abandonner le gaz à l’horizon 2028 pour devenir le premier site du groupe neutre en carbone », anticipe le directeur Thierry Comeyras.
Sur le plan énergétique, la SPL a aussi pour vocation de développer la production photovoltaïque sur les bâtiments publics, avec un objectif d’une dizaine de mégawatts crête d’ici 2030. Ces projets peuvent aussi prendre une dimension supplémentaire, au profit d’industriels, comme Duralex, dont la métropole a acquis le foncier dans le cadre de la transformation de la célèbre verrerie en SCOP l’an dernier. « On réfléchit à utiliser une partie du terrain pour un projet de solarisation », poursuit Matthieu Schlesinger, « et on va lancer une étude pour voir si on ne pourrait pas récupérer la chaleur des fours pour alimenter un petit réseau de chaleur ».
Spécialisation autour de l’hydrogène
Toujours au service des entreprises, la Métropole, grâce au label Territoire d’industrie, a par ailleurs mobilisé près d’un million d’euros au titre du fonds vert au profit de trois entreprises, Pipop, qui propose un vélo électrique sans batteries, DB Technique, un fabriquant d’étiquettes, et Orrion Chemicals, qui s’est lancé dans la récupération et le recyclage des mousses polyuréthane des vieux matelas.
L’ambition est enfin de spécialiser le territoire sur de nouvelles compétences, en poussant notamment sur l’hydrogène. L’université, dans ce domaine, est un atout clé, car elle est reconnue mondialement pour sa recherche sur les moteurs à combustion hydrogène grâce aux travaux du chercheur Fabrice Foucher. Sous son impulsion, elle a tout récemment décroché 3,5 millions d’euros de l’Agence nationale de la recherche pour former 4.500 personnes dans le domaine de l’hydrogène vert d’ici 2030. Et les projets se déploient également sur le terrain industriel, dans le cadre de plusieurs projets de recherche, avec des partenaires nationaux comme Renault Trucks et Stellantis, et encore John Deere, l’un des plus gros industriels locaux, qui veut promouvoir de nouvelles sources d’énergie sur ses moteurs, et développe également une unité de production de batteries électriques qui entrera en service début 2026.
Cet article fait partie du Dossier
Territoires & Industrie, un tour de France des solutions pour réindustrialiser
Sommaire du dossier
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- Cluses repense son écosystème économique pour garder son rang
- Maped met la gomme à l’international… tout en préservant son usine française
- Le réarmement européen dans le viseur de l’armurier savoyard PGM Précision
- Avec «La bagnole», le Groupe Savoy prend le virage de la mobilité électrique
- La décarbonation, nouveau vecteur d’attractivité pour la métropole d’Orléans
- « Territoires & Industrie » : inscrivez-vous à l’étape de Cluses
- Orléans, un terreau fertile pour la recherche et l’innovation
- Le CLEE Orléanais fait dialoguer efficacement l’école et l’entreprise
- Près d’Orléans, HappyVore s’impose dans le rayon traiteur végétal
- Honda relocalise à Orléans une production américaine de transmissions de tondeuses
- Le Pôle Formation UIMM Centre-Val de Loire, futur lieu totem de l’industrie 4.0
- L’EPF des Hauts-de-France, partenaire du développement économique dans les collectivités
- Industries dans le Valenciennois : les collectivités misent beaucoup sur les mobilités
- A Onnaing, Toyota démontre qu’on peut encore produire des petites voitures en France
- Les robots d’Exotec repoussent les murs des entrepôts logistiques
- Orano Med produira ses médicaments innovants anti-cancer à Onnaing, dans le Nord
- Lyreco, un groupe mondial de produits et services de bureaux né à Valenciennes
- À Cherbourg-en-Cotentin, des vents favorables soufflent sur les énergies marines renouvelables
- Comment le port de Cherbourg-en-Cotentin se positionne sur les énergies marines renouvelables
- Le normand Fastpoint met l’IA au service de la prévention des accidents du travail
- Orano continue d’investir massivement à La Hague
- A Saint-Lô, Seb à la pointe des cartes électroniques
- ProtecSom, une PME familiale qui a du souffle pour combattre les maladies respiratoires
- Le Parapluie de Cherbourg, plus qu’une entreprise, une institution normande
- « Territoires & Industrie » : inscrivez-vous à l’étape de Valenciennes
- Comment former à l’industrie de demain
- Développement économique : à Figeac, coopérer pour garder l’agilité
- Dans le sud-ouest, la Mecanic Vallée accompagne la décarbonation de ses industries
- Whylot veut écrire l’avenir de la mobilité durable
- Motowatt fait le pari d’une moto électrique Made in France
- Ratier Figeac internalise la fabrication de pièces complexes fabriquées à l’étranger
- Mécanic Vallée, une communauté d’entraide qui rayonne sur plusieurs territoires
- « Territoires & Industrie » : inscrivez-vous à l’étape du Grand-Figeac
- Chassint Peinture, combo gagnant de diversification et d’attractivité
- Creusot-Montceau fait chauffer le réacteur industriel
- Le Creusot veut surfer sur la dynamique du nouveau nucléaire
- Atlantic mise sur Chalon-sur-Saône pour augmenter sa production de pompes à chaleur
- Framatome continue d’investir au Creusot
- La start-up des SMR Jimmy conforte l’avenir de la filière nucléaire au Creusot
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