« On a développé des zones d’activités économiques et on a aussi rendu à l’industrie et à l’économie, nos friches industrielles » déclare, fier du travail accompli, Jean-François Clappaz, vice président à l’économie et au développement industriel de la communauté de commune du Grésivaudan, résumant là les deux piliers de la stratégie de développement économique du territoire. Celle-ci a notamment été appliquée sur le Haut Grésivaudan, où des poids lourds de l’industrie traditionnelle ont périclité en près de quinze ans.
A Pontcharra par exemple, les papeteries de Moulin-Vieux baissent le rideau en 2006 ; à Chapareillan, Tyco Electronics tire sa révérence en 2009 ; au Cheylas, Ascométal ferme en 2015.
A la faveur d’une mobilisation de la force publique, conjuguée parfois, à celle d’acteurs privés, ces trois sites sont de nouveau sur pied, accueillant de nouveau, ou sur le point de le faire, des industries, de l’activité économique, et des emplois.
Tour de force des politiques publiques à Pontcharra
En début d’année, le Grésivaudan a lancé la commercialisation de 2,2 hectares répartis en 21 lots de sa nouvelle zone d’activités de Moulin-Vieux à Pontcharra. La transformation de l’ancienne friche papetière aura pris 12 années d’importants travaux.
« On ne mettra pas 10 ans pour faire le plein de la zone » assure Jean-François Clappaz. De nombreuses PME et TPE dans l’artisanat, le commerce de gros et des industries de petites tailles lorgnent sur le site depuis un moment. Les acteurs publics n’ont pas lésiné sur la dépense. Le coût de l’opération s’élève à 7 millions de travaux dont 4 pour la dépollution. Plusieurs partenaires ont mis la main au pot : l’Union européenne, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Etat via France Relance. Le communauté de communes a posé sur la table 3,3 millions d’euros et a financé le parking d’une centaine de places.
Reconversion d’une friche en zone industrielle à énergie positive
La friche de l’usine Ascométal au Cheylas s’étirait sur 30 hectares. La foncière privée SLS la réhabilite en parc d’activités industrielles depuis 2017. « On est en lien permanent avec le directeur. Cinquantaine petites et grandes entreprises, 250 emplois au total y ont élu domicile » se félicite l’adjoint à l’économie. Depuis deux ans, l’un des anciens bâtiments d’Ascoméal fait le bonheur d’Alstom-Bombardier. Tout en longueur, l’ancien laminoir reconverti est parfait pour réparer trains et TER venant de tout l’hexagone.
Restait quelques détails à peaufiner pour que le géant français du ferroviaire soit tout à fait à son aise. « Nous avons constitué un groupe de travail que je présidais mensuellement pour que les partenaires respectent la bonne temporalité et les délais demandés par l’entreprise » indique l’adjoint à l’économie.
La Région raccorde l’atelier de maintenance à la ligne Grenoble-Chambéry pour 1,4 million d’euros. Le Département de l’Isère aménage un nouveau rond-point sur la départementale pour 860 000 euros, et l’intercommunalité adapte le réseau d’assainissement. Le leader mondial de la mobilité investit lui 8 millions d’euros et signe un bail de 10 ans avec la foncière SLS, qui finance aussi l’opération.
La nouvelle zone industrielle du Grésivaudan s’annonce exemplaire en terme d’empreinte carbone. Elle produit sa propre électricité, au moyen d’une éolienne, d’une centrale photovoltaïque. L’électricité est de plus en partie stockée par une technologie basée sur l’hydrogène. Le processus a été mis au point par la start up Sylfen, installée sur le parc d’activité.
Des contraintes environnementales fortes
La requalification des friches visent à préserver le foncier existant : une denrée rare, d’autant qu’il faut en conserver pour développer sinon maintenir l’agriculture locale et construire du logement. Sur environ 700 ha dédiés à l’économie concentrés en très grande partie dans les 46 zones d’activités économiques existantes, il en reste tout au plus une quinzaine disponible à court terme, évalue Tonis Antzoulatos, chargé de mission développement économique au Grésivaudan. Coup dur pour les acteurs économiques, de nouvelles contraintes environnementales ont conduit à la mise en place d’un Plan de prévention des risques naturels d’inondation (PPRi) en 2010. Près de 50 hectares préalablement destinés à l’économie sont gelées depuis. Trois futures zones pourraient être créées, dans quelques années, sous couvert qu’elles soient autorisées par le PRRi en cours de révision.
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