À Cherbourg-en-Cotentin, des vents favorables soufflent sur les énergies marines renouvelables

Publié le 12/09/2024 • Par Pascale Tessier • dans : Régions

La quatrième étape de « Territoires et Industrie », le tour de France 2024 des solutions lancé par « La Gazette des communes » et « L’Usine nouvelle », est l'occasion de braquer ses projecteurs sur la presqu’île du Cotentin et Cherbourg, auquel les énergies maritimes renouvelables donnent une identité résolument tournée vers l’avenir.

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Territoires & Industrie, un tour de France des solutions pour réindustrialiser

« Enjeu national majeur ! » Dans un contexte d’indépendance énergétique et de développement durable, la production d’énergies renouvelables a donné à la Normandie l’opportunité d’anticiper, afin de se positionner en amont en tant qu’acteur majeur de ce secteur. Dans la presqu’île, la région et les collectivités territoriales -communauté d’agglomération Le Cotentin et ville de Cherbourg-en-Cotentin- ont su se mobiliser pour faire émerger une filière complète, apte à répondre à l’ambitieux défi des enjeux énergétiques.

Cette capacité à « fédérer les industriels, les gestionnaires de ports et les organismes de formation » permet à la Normandie de s’affirmer « comme LA région du mix énergétique », assurent conjointement Hervé Morin, président du conseil régional, David Margueritte, président de la communauté d’agglomération, et Benoît Arrivé, maire dans un document publié par l’Observatoire des énergies de la mer. On est bien loin de l’époque où il n’était question que d’aménager la côte pour permettre aux navires de passage de se mettre à l’abri des attaques et des tempêtes !

Aujourd’hui, le port de Cherbourg-en-Cotentin est résolument tourné vers l’innovation et la durabilité. De toute la façade Manche-Mer du Nord, le Cotentin, avec le port de Cherbourg, apparaît « comme l’écosystème le plus complet pour le développement de l’éolien en mer et de l’hydrogène », poursuivent les trois élus. Pour eux, en effet, le port de Cherbourg-en-Cotentin est « le seul à pouvoir accueillir la totalité du spectre lié à l’éolien, avec des capacités de stockage sans équivalent au niveau national. » Pour Bertrand Marsset, directeur adjoint de Ports de Normandie, l’entité cherbourgeoise dispose de nombreux atouts -en terme de positionnement géographique ou de socle géologique « très favorable »- et plus de 35 ha de terre-pleins à la disposition des énergies maritimes renouvelables (EMR).

Des perspectives inédites

Les collectivités territoriales s’engagent financièrement, de manière conséquente, et Jérôme Chauvet, directeur de Ports de Normandie, a récemment expliqué que les 100 millions d’euros, investis par le syndicat mixte qu’il dirige, résultent de la conviction que « un fort potentiel de développement » nécessite des aménagements d’amélioration sur le port.

En effet, les pouvoirs publics estiment avoir ici des perspectives « qu’aucune région n’a sans doute eu depuis des décennies », affirment les élus. Le port de Cherbourg est fortement mobilisé pour le déploiement de l’éolien en mer, s’est adapté pour favoriser son développement -quai et terre-pleins ont été renforcés en 2022- et est en capacité d’œuvrer pour l’ensemble des parcs éoliens en Manche (Fécamp, Courseulles, Dieppe, Le Tréport) et des usines. Il revendique le titre de premier port français pour les EMR.

Travail en synergie des collectivités et acteurs économiques

Avec 640 km de côtes habituées aux vents forts et longés par le courant puissant du Raz Blanchard dans le Cotentin, la Normandie possède d’indéniables atouts pour le développement de projets liés aux EMR, et les projets s’y multiplient, ces dernières années. Pour soutenir ce territoire de référence, les collectivités, les industriels, gestionnaires de ports, établissements de recherche et organismes de formation s’unissent pour structurer la filière, anticiper les besoins -actuels ou à venir- et inscrire ce vecteur de développement dans le tissu économique.

La moitié des emplois des entreprises principales du secteur sont en Normandie et en 2022, les emplois des usines normandes représentaient « plus de 75 % des emplois au sein des prestataires et fournisseurs de la chaîne de valeur régionaux (contre 50 % en 2021, du fait de la part plus importante que représentait l’emploi temporaire » selon l’Observatoire des énergies de la mer, en 2023.

Nouvelles perspectives avec l’éolien flottant

L’agglomération du Cotentin a fait du développement de l’économie maritime et portuaire « une ambition majeure », ont rappelé les élus lors du conseil communautaire du 27 juin dernier. Outre sa participation aux investissements engagés par Ports de Normandie, l’intercommunalité s’engage dans des projets spécifiques du port de Cherbourg-en-Cotentin, tant sur le volet des croisières maritimes que sur celui des EMR « afin d’accélérer leur réalisation », a expliqué Jacques Coquelin, maire de Valognes, vice-président du conseil départemental en charge du budget et premier vice-président en charge des grands projets au sein de la communauté d’agglomération.

Le marche de l’éolien flottant ouvre de nouvelles perspectives, car même si les premiers appels d’offres de l’État sont plutôt positionnés en Bretagne sud et en Méditerranée, « des opérateurs commencent à prospecter des espaces portuaires pour des projets au Royaume-Uni et en République d’Irlande », a présenté l’élu normand. Ports de Normandie a donc engagé des Études, afin de définir les adaptations nécessaires à l’accueil de ces projets.

L’agglomération a donné son accord et, au terme des études, pourrait s’engager dans des travaux de réalisation -à hauteur de 1,4 million d’euros pour un reste à charge de 6 millions pour Ports de Normandie avec 30 millions de travaux et 24 millions d’euros de recettes attendus de l’Ademe- pour positionner le port sur d’autres marchés que celui de l’éolien offshore posé, afin qu’il reste « compétitif. »

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