Le seuil symbolique, et jusqu’ici jamais atteint, de 2 millions d’allocataires du RSA a été franchi. En juin déjà, la Caisse nationale d’allocations familiales, qui verse les aides, dénombrait 1,99 million de bénéficiaires (voir graphique ci-dessous) et le chiffre a continué à croître depuis. Selon les observateurs, il pourrait poursuivre son augmentation jusqu’en 2022. Au-delà du minima social, tous les voyants de la pauvreté sont au rouge, alertent depuis le printemps les associations. Selon la présidente du Secours catholique, Véronique Fayet, interrogée en novembre, « la France franchira la barre des 10 millions de pauvres en 2020 ». Partout, les files d’attente pour l’aide alimentaire se sont allongées en raison des nouvelles demandes. Et les publics émergents sont des jeunes ou des travailleurs précaires.
« Un jeune, une solution »
Jusqu’au confinement, ces personnes, si elles n’avaient pas de travail stable, s’en sortaient grâce à l’intérim ou à des contrats courts – emplois qui ont disparu les premiers lors du confinement du mois de mars. « Comme les associations, les CCAS ont vu arriver de nouveaux publics qui ne se tournaient pas spontanément vers nous auparavant. Le CCAS de Lourdes [Hautes-Pyrénées] a ainsi connu une situation compliquée, avec beaucoup de saisonniers qui n’ont pas trouvé de travail cette année », explique Hélène-Sophie Mesnage, DGA de l’Unccas.
La présentation du plan de relance, en septembre, a, dans ce contexte, plus qu’agacé les associations qui aident les précaires. « Sur les 100 milliards du plan de relance, avec les mesures ponctuelles ajoutées par Jean Castex, on arrive à 3 % pour les plus défavorisés », a calculé Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. « C’est un sujet d’inquiétude majeur », ajoute-t-il. Alors que les allocataires du RSA et des aides personnelles au logement ont touché 150 euros en plus fin novembre, il regrette le manque de plan d’ensemble : « Toute aide est utile, mais on n’est toujours pas sur une réponse structurelle pour donner un revenu minimum décent, ni combler les trous dans la raquette. » L’incohérence la plus criante, selon lui : les moins de 25 ans qui ne peuvent demander le RSA.
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Gazette des Communes, Club Santé Social
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Pauvreté : de la crise sanitaire à l'urgence sociale
Sommaire du dossier
- Après la crise sanitaire, l’urgence sociale
- Précarité des jeunes : les collectivités cherchent la parade
- Pauvreté : encore une vague qu’il faudra affronter
- Crise post-Covid : « Une paupérisation de la jeunesse est inévitable »
- Actions pour aider les plus précaires dans la crise : les territoires à la manœuvre
- Précarité des jeunes : « Pour l’instant, les missions locales tiennent »
- Crise sanitaire : la santé mentale des jeunes vacille
- Précarité des jeunes : « Les plus touchés par la crise sont les moins aidés »
- « La logique d’action de la stratégie de lutte contre la pauvreté reste l’insertion »
- Reconfinement : les villes au chevet des étudiants
- « L’analyse des besoins sociaux joue un rôle de boussole pour les nouveaux élus »
- Pauvreté : « Il y a d’innombrables possibilités de coopération associations-collectivités »
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