Que signifie le terme de « conception universelle » ?
« Conception universelle » est une traduction de « universal design ». Une variante, aujourd’hui, est « inclusive design » – que je préfère. Pour résumer, il s’agit de concevoir un environnement, un produit ou un service d’emblée utilisable par tous les publics, quel que soit l’âge, les capacités, l’origine culturelle, etc.
L’article 2 de la convention de l’Onu du 13 décembre 2006 relative aux droits des personnes handicapées ajoute « dans toute la mesure possible, sans nécessiter ni adaptation ni conception spéciale ».
En France, le terme a fait son apparition officielle dans le décret du 9 février 2010 créant l’observatoire interministériel de l’accessibilité et de la conception universelle. Et le colloque organisé par cet observatoire le 9 décembre 2011 est véritablement fondateur.
Cette notion ne paraît-elle pas très abstraite ?
Il s’agit véritablement d’une autre façon de concevoir la ville, dans toutes ses dimensions, du mobilier aux services en passant par l’architecture. Toutefois, nous ne sommes plus dans l’utopie.
Depuis son invention en 1990 par l’architecte américain Ron Mace, la conception universelle a évolué, tout en gardant sa philosophie initiale : être au cœur des usages dans une démarche anthropocentrée.
Mais elle est entrée dans l’opérationnel, grâce, notamment, aux travaux de l’Institute for human centered design de Boston (Etats-Unis) et de la Design for all foundation de Barcelone (Espagne).
En France, un relais a été pris par le centre de design et d’innovation sur la ville durable que je dirige depuis 2012 au sein de l’Ecole de design Nantes-Atlantique. Une soixantaine d’étudiants en cycle master y travaillent sur le thème de l’évolution du cadre bâti et de la mobilité en ville.
Outre l’enseignement, le centre a aussi pour vocation de développer la recherche appliquée et le soutien à l’innovation. Une large place est laissée à l’expérimentation et à la collaboration avec les partenaires de terrain – monde industriel et collectivités locales. Les projets de fin d’études des étudiants en sont le reflet : tout à fait concrets !
Quelle est la différence avec l’accessibilité voulue par la loi « handicap » du 11 février 2005 ?
La conception universelle se situe davantage en amont, plus globale. Mais, surtout, elle change le prisme et place l’accessibilité sur un autre plan que celui strictement réglementaire : elle lui donne du sens. Elle permet une approche positive de la contrainte, à condition que la concertation soit méthodologiquement menée avec des personnes handicapées considérées comme des usagers experts.
Faut-il faire fi des normes ?
Non, bien sûr que non. Il est clairement nécessaire d’avoir des normes, et tout aussi nécessaire de les appliquer ! Mais l’accessibilité n’est pas une somme de normes. Plutôt que de réponse à celles-ci, il faut parler de performance du cadre bâti et leur insuffler une dynamique. Il s’agit également de dépasser les normes pour réfléchir plus globalement à des services adaptés à des besoins particuliers.
Cet article fait partie du Dossier
Accessibilité : 20 ans après la loi, il reste tant à faire
Sommaire du dossier
- L’accessibilité des établissements recevant du public toujours entravée
- Accessibilité : l’échéance de 2015 (officiellement) maintenue
- « ZAN : les élus locaux demandent des solutions, pas un abandon »
- Registre public d’accessibilité des ERP : l’arrêté est paru
- Territoires 100% inclusifs : trois expérimentations lancées
- Accessibilité des bâtiments : 12 ans après la loi, un chantier toujours pas finalisé
- Accessibilité : les nouvelles normes de construction des ERP connues
- Agenda d’accessibilité : un délai de grâce accordé aux collectivités
- « Déposez votre Ad’Ap, il est encore temps ! »
- Loi handicap et accessibilité, encore tant à faire
- Ce que prévoit l’ordonnance accessibilité en 6 points clés
- Accessibilité des ERP : décryptage du décret Ad’Ap
- Normes d’accessibilité : de nouvelles règles pour le logement et les transports
- L’Ordonnance accessibilité est ratifiée avec une échéance à hauts risques
- Accessibilité : une réglementation autonome pour les ERP existants
- Accessibilité des transports : un décret sur les SDA-Ad’Ap
- Accessibilité des transports : décryptage du décret sur les points d’arrêt prioritaires
- Accessibilité : un nouveau cahier des charges pour les ERP dans le bâti existant
- Accessibilité et Ad’Ap : vers une catastrophe annoncée ?
- Accessibilité et Ad’Ap : quatre cas pour demander des délais et périodes supplémentaires
- Accessibilité numérique : un nouveau référentiel, un label et le pari de la pédagogie
- « Non, l’accessibilité numérique ce n’est pas moche, cher et chiant »
- Agendas d’accessibilité programmée : attentes divergentes entre acteurs publics locaux et associatifs
- Les maires taclés sur l’accessibilité des écoles
- 5e baromètre APF de l’accessibilité : «2015, le rendez-vous manqué»
- Accessibilité : analyse en infographie et cartographie du 5è baromètre APF de l’accessibilité
- Accessibilité : « On ne peut pas toucher au symbole de 2015 » – Marie Prost-Coletta
- Pourquoi le « tout accessible » ne sera pas au rendez-vous
- Accessibilité : Passer du respect des normes au confort d’usage
- Accessibilité : « Une approche positive de la contrainte »
- Handicap mental : une accessibilité hors normes
- Accessibilité électorale : état des lieux des règles juridiques applicables
- Accessibilité des ERP : un guide du Défenseur des droits priorise «l’accès aux prestations»
- Villebois-Lavalette : une petite mairie à l’exemplarité reconnue
- Politiques d’accessibilité : comment 25 villes ont relevé le défi
- Accessiblité : quelles spécificités pour les piscines ?