Vélib’, Vélo’v et Autolib’ pour les voitures électriques en autopartage : ces offres en libre-service sont certes mises en place et subventionnés par les villes, mais majoritairement exploitées par des prestataires privés. « La généralisation des mobilités en libre-service consacre l’entrée des grands groupes privés comme JCDecaux et Bolloré dans la ville, relève le politologue Maxime Huré. Nous assistons à une occupation croissante de l’espace public par les firmes, ce qui aboutit à la privatisation de certains secteurs. »
Autre illustration : Blablalines est le nom du service de covoiturage de courte distance inauguré par Blablacar en septembre. De quoi concurrencer les lignes de transport subventionnées et menacer leur équilibre économique ? Dans le quartier de la Plaine-Saint-Denis, au nord de Paris, des entreprises affrètent des navettes privées qui acheminent leurs salariés depuis la sortie du RER, sur des parcours pourtant effectués par des lignes de bus d’Ile-de-France Mobilités, autorité organisatrice…
Objectif : complémentarité
La question de la concurrence se pose avec encore plus d’acuité depuis que le champ des mobilités est bouleversé par l’arrivée massive de nouvelles sociétés. Des start-up, le plus souvent, qui conçoivent des applications pour smartphone proposant de nouveaux services en temps réel au plus près de l’usager.
« Mobility as a service »
Pour articuler au mieux offres publique et privée, l’issue pourrait venir du concept de « mobility as a service », qui propose, via une application unique, un service de mobilité complet d’un point A à un point B, en incluant plusieurs types de transports, publics ou privés. En Finlande, un tel service est en test, piloté par un institut de recherche public.
Un confort incontestable, quand il assure du « porte-à-porte », ce qui n’est pas toujours à la portée du réseau de transports en commun. Qu’en est-il du rôle des autorités organisatrices ? Pour le président du syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération de Grenoble, Yann Mongaburu (EELV), « l’émergence des services privés de covoiturage, voitures et vélos partagés est autant un risque qu’une opportunité. Afin d’atteindre les objectifs de la COP21, il faut développer la voiture partagée, et les actions publiques n’y suffiront pas. Il faut parvenir à ce que les initiatives privées soient complémentaires du service public et ne viennent pas concurrencer l’offre de transports en commun ».
Autorités animatrices
Selon lui, les autorités organisatrices de la mobilité (AOM), qui ont mené des enquêtes sur les déplacements des ménages et connaissent les besoins sur le territoire, « doivent
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