Dans quel état d’esprit les maires ruraux abordent-ils ce congrès des maires ?
D’abord, c’est le dernier congrès du mandat, ce qui lui confère un caractère exceptionnel. Mais le contexte est indéniablement inquiétant. Il y a un sentiment de ras-le-bol. Les élus ruraux sont désabusés, avec l’impression que rien n’avance et qu’il n’y a pas d’issue. Les élus font tous le même constat : c’est devenu très difficile. On leur impose trop d’un seul coup. Par exemple, la réforme des cantons est-elle une urgence ? Les transferts de compétences non consentis sont aussi très mal vécus.
La réforme des rythmes scolaires est au cœur des préoccupations des élus ruraux ?
La question des rythmes scolaires participe pour beaucoup à ce climat. Il y a unanimité pour reconnaître qu’une réforme est nécessaire, mais que celle qu’on nous impose est inapplicable. Cela crée un vrai malaise. Mais au-delà même de son contenu, la réforme des rythmes scolaires est significative de la forte dégradation des relations entre l’Etat et les collectivités, entre le gouvernement et les élus. Même si humainement parlant, les contacts sont bons.
Les maires ruraux éprouvent donc un sentiment de lassitude ?
Le chantier législatif des collectivités territoriales suit inexorablement son cours. La réforme de 2010 se poursuit, d’un gouvernement à l’autre. Le PLU-I est aussi révélateur de ce dessaisissement des compétences communales. Cette trajectoire, qui transcende les partis politiques et les gouvernements, finit par lasser. Et laisse un sentiment d’abandon, qui peut dégénérer en sentiment d’exclusion. C’est très grave. Car la réaction, comme on le voit déjà en Bretagne, peut être violente…
C’est un problème de communication ou de méthode ?
Depuis toujours, nous appelons les gouvernements successifs à s’intéresser aux territoires ruraux. Nous leur demandons d’envoyer un signal. La politique est aussi dans le domaine du symbole !
La réforme de la poste a été menée en son temps avec la bonne méthode. Le conflit a d’abord était désamorcé : pas de fermeture de bureaux de poste sans accord du maire.
Qu’est-ce qui pourrait inverser cette tendance à la morosité ?
Il faudrait une action très concrète. Cela pourrait être une amorce de modification de la DGF, c’est-à-dire la reconnaissance de la situation. S’agissant de la réforme des rythmes scolaires, le geste pourrait consister à maintenir le principe d’une réforme, car encore une fois, elle est indéniablement nécessaire, mais en reprenant le dossier. Il faut expliquer pourquoi c’est une nécessité. On n’a pas assez parlé du contenu des activités éducatives. Il faut aborder le volet pédagogique de la réforme.
Autre point de nature à apaiser les esprits, c’est d’abandonner les échéances, et instiller un peu de souplesse pour aider les collectivités qui ont du mal à mettre en place la réforme. Cela permettrait d’aborder les élections et les nouveaux mandats dans un climat serein et sans pression inutile.
Comment se présente les candidatures au prochain mandat ?
Certains maires abandonnent. En Meurthe et Moselle, sur 18 élus que nous avons récemment rencontrés, 13 ne se représentent pas. Il va y avoir un véritable renouvellement de génération. Mais le statut de la fonction est toujours inexistant, avec des responsabilités toujours plus lourdes, avec une indemnité de misère… Certes, il reste heureusement, dans les petites communes, le lien fort avec les habitants…
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Congrès des maires 2013 : toutes les infos, tous les débats
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