On vous présente souvent comme une adversaire des élus locaux et des communes…
Je ne suis pas pour la disparition des communes, mais au contraire pour les renforcer en fusionnant communes et intercommunalités. On peut fixer, à l’horizon 2030, l’objectif de créer 5 000 « super-communes » absorbant les compétences des unes et des autres.
Pourquoi une telle révolution ?
On s’est égaré en France dans la tentative de promouvoir les intercommunalités, un échelon peu lisible pour le citoyen et qui rend difficile l’analyse de la gestion du bloc communal. Au lieu de se substituer aux communes, les intercos s’y sont ajoutées : résultat, il n’y pas eu d’économies liées à la mutualisation et la dépense du bloc communal a explosé ! Si on avait, dès les années 70, impulsé un mouvement de fusions volontaires, on atteindrait aujourd’hui les 3400 habitants par commune en moyenne et non 1700 comme aujourd’hui. C’est un processus qui fonctionne en Suisse, qui est passée de 3021 communes en 1990 à 2352 communes – toutes les fusions ayant fait l’objet de concertations et d’une votation au niveau local !
Comment favoriser ce mouvement de fusions ?
En France, on pourrait imaginer un système de bonus-malus et mobiliser les fonds européens (2 milliards d’euros par an pour le FEDER). Cela permettrait aussi de mieux rémunérer les élus en diminuant leur nombre : ils n’auraient pas besoin de cumuler les mandats, de multiplier les différents étages (SEM, SPL, syndicats…), ce qui n’est pas sain pour la démocratie, même lorsque ces activités sont effectuées à titre bénévole.
Pourquoi favoriser la fusion de communes plutôt que renforcer les intercommunalités ?
Les citoyens connaissent leur commune et leur maire. Ils ne connaissent pas tellement le président de leur communauté de communes ou d’agglomération. Et il est également difficile d’analyser leur gestion : il est très difficile d’obtenir le bilan social d’une commune, mais c’est possible. Pour une intercommunalité, vous pouvez toujours essayer !
Comment est reçu votre discours parmi les maires ?
Quand je suis intervenue au congrès de l’AMF en 2013, beaucoup de maires de petites communes sont venus me trouver à la sortie de la salle pour m’encourager à continuer, en affirmant que la fusion était la meilleure solution face à la mainmise de l’intercommunalité sur le pouvoir local.
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Quel avenir pour les communes ?
Sommaire du dossier
- Quel avenir pour les communes : « Passer progressivement à 10 000 »
- Quel avenir pour les communes : « Inverser le rapport avec l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « Un marronnier de la vie politique »
- Quel avenir pour les communes : « C’est maintenant qu’il faut être audacieux ! »
- Quel avenir pour les communes : « Les affaiblir, c’est éloigner le pouvoir du citoyen »
- Quel avenir pour les communes : « La société civile ne s’est pas appropriée l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « On entretient beaucoup de fantasmes »
- Quel avenir pour les communes : « Non aux intercommunalités sans âme ! »
- Quel avenir pour les communes : « Pour 5 000 super-communes »
- Quel avenir pour les communes : « Repenser l’exercice des compétences »
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