Le maître de conférences en sciences politiques à l’université de Saint-Étienne et auteur de Le Pouvoir local en France (2009) juge que la montée en puissance de l’intercommunalité ne passe pas uniquement par le suffrage universel et direct.
Les communes sont-elles vouées à disparaître ?
Le contexte actuel est au transfert des compétences des communes aux intercommunalités. La loi « NOTRe » est dans cette lignée. Mais cela ne signifie pas nécessairement une perte de pouvoir pour les maires, qui contrôlent partiellement ce transfert dans les intercommunalités et mettent en place les politiques publiques dans une instance beaucoup moins transparente que la commune. Tant qu’on n’associera pas la question des transferts de compétence à celle du renouvellement du mode d’exercice de la démocratie, la disparition des communes restera un problème.
Vous voulez dire qu’il faudrait un suffrage universel plus direct pour l’élection des exécutifs communautaires ?
Le suffrage direct n’est qu’une partie de la réponse. Actuellement, l’échelon intercommunal est aux mains des élus et des interlocuteurs les plus prédisposés à dialoguer avec eux : les chambres consulaires, les chefs d’entreprises, les aménageurs. Le problème est de savoir dans quelle mesure la société civile – comités de quartiers, associations de parents d’élèves, de commerçants –, actuellement structurée au niveau communal, pourra s’organiser au niveau intercommunal pour exercer son rôle de contre-pouvoir et de force de proposition face aux élus et aux forces économiques, par exemple, pour peser sur un projet d’équipement ou d’aménagement.
Quel modèle peut-on alors imaginer ?
Il faut peut-être admettre que les échelons peuvent être différents selon les territoires. Il y a des pays en Europe, comme la Croatie, où l’on fait la distinction entre communes urbaines et rurales. Pourquoi chercher absolument une mécanique implacable avec des seuils, de manière très rationaliste ? Pourquoi ne pas imaginer des communautés de communes plus petites en milieu rural, pour laisser une capacité d’initiative à la société civile ? L’exemple de la métropole de Lyon montre que le temps des solutions univoques et uniformes est dépassé.
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Quel avenir pour les communes ?
Sommaire du dossier
- Quel avenir pour les communes : « Passer progressivement à 10 000 »
- Quel avenir pour les communes : « Inverser le rapport avec l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « Un marronnier de la vie politique »
- Quel avenir pour les communes : « C’est maintenant qu’il faut être audacieux ! »
- Quel avenir pour les communes : « Les affaiblir, c’est éloigner le pouvoir du citoyen »
- Quel avenir pour les communes : « La société civile ne s’est pas appropriée l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « On entretient beaucoup de fantasmes »
- Quel avenir pour les communes : « Non aux intercommunalités sans âme ! »
- Quel avenir pour les communes : « Pour 5 000 super-communes »
- Quel avenir pour les communes : « Repenser l’exercice des compétences »
Thèmes abordés