Va-t-on assister dans un futur proche à la disparition des communes ?
C’est un marronnier de la vie politique, chaque année les étudiants de Sciences Po préparent un exposé dessus. On n’a pas fait, en France, le choix des réformes brutales qui ont eu lieu en Europe du Nord, car ce n’était pas faisable politiquement. Pour l’instant, on assiste à des arbitrages un peu bizarres, mais on va évidemment évoluer dans le sens de ce qu’on peut considérer comme le plus efficace : le couple interco-région, même si la création des grandes régions ne va pas faciliter les choses.
Le pays est-il prêt à une telle évolution ?
La loi de Chevènement en 1999 a apporté un vrai changement dans une France bloquée sur la défense des départements et des communes. Mais si elle a été un tel succès, c’est parce qu’elle n’a tordu le bras à personne et fonctionné par incitation. Le contexte de baisse des dotations est le moment parfait pour favoriser les regroupements par des incitations positives ou l’atténuation de la tendance négative, comme cela se fait pour les communes nouvelles.
L’intercommunalité reste un phénomène récent ; tout cela va s’ajuster progressivement.
Dans quel sens ?
Tout ce qui concerne les éléments cruciaux de stratégie : transports, logement, urbanisme, doit être du ressort des intercommunalités. Et il leur faut un vrai suffrage universel direct, le système des soviets employé par exemple pour le Grand Paris constitue évidemment un frein à l’action. Ce qu’a fait Gérard Collomb à Lyon, en installant un vrai leadership pour le patron de la métropole, est ce dont on a besoin.
Quel rôle alors joueront les communes à l’avenir ?
La commune, c’est le lieu où l’on vit, celui de la proximité. 36000 communes, 500 000 élus, c’est comme un tableau lumineux : quand il y a un souci, immédiatement on le sait, le tableau s’allume. D’ailleurs, les pays qui ont drastiquement réduit le nombre de communes, comme la Grande-Bretagne, sont revenus en arrière en recréant des instances locales de proximité (mais avec peu de pouvoirs) pour faire remonter l’information du terrain.
Références
Auteur en 2015 d’un essai sur « Le nouvel égoïsme territorial » (Aux Editions du Seuil)
Cet article fait partie du Dossier
Quel avenir pour les communes ?
Sommaire du dossier
- Quel avenir pour les communes : « Passer progressivement à 10 000 »
- Quel avenir pour les communes : « Inverser le rapport avec l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « Un marronnier de la vie politique »
- Quel avenir pour les communes : « C’est maintenant qu’il faut être audacieux ! »
- Quel avenir pour les communes : « Les affaiblir, c’est éloigner le pouvoir du citoyen »
- Quel avenir pour les communes : « La société civile ne s’est pas appropriée l’intercommunalité »
- Quel avenir pour les communes : « On entretient beaucoup de fantasmes »
- Quel avenir pour les communes : « Non aux intercommunalités sans âme ! »
- Quel avenir pour les communes : « Pour 5 000 super-communes »
- Quel avenir pour les communes : « Repenser l’exercice des compétences »
Thèmes abordés