«Avant, raconte une élève, dans la cour de récréation, les garçons occupaient tout l’espace et les filles qui osaient se mettre en travers de leur chemin se faisaient toujours bousculer. Le pire c’est qu’ils le faisaient exprès. »
Ça, c’était avant, avant que la ville de Mérignac (70 800 hab., Gironde) n’entreprenne des travaux dans ses cours de récré pour redonner de la place aux filles. « Je préfère autant maintenant, concède un garçon. C’était toujours : allez, passe-moi la balle, je vais marquer”. » Aujourd’hui, les activités sont plus variées et son jeu préféré est désormais « poules, renards, vipères ».
Dans les cours, si aucune règle n’est instaurée, 20 % des garçons occupent 80 % de la surface en s’appropriant l’espace central pour jouer au foot, constate Edith Maruéjouls qui, à la tête du bureau d’études L’Arobe, a recueilli ces paroles d’enfants. Les filles ne sont pas les seules à en pâtir, « les garçons qui ne sont pas performants au ballon » sont eux aussi relégués. Cette « géographie de la cour de récréation très sexuée » a également été pointée, en 2017, par le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (1).
Un travail de fond
Après Mérignac, qui a initié il y a dix ans un travail de fond avec le concours de la géographe, Trappes (32 100 hab., Yvelines) repense ses 36 cours. Un tiers a déjà été rénové en tenant compte des questions liées au genre. « En travaillant sur les lieux d’insécurité dans la ville, la question
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Gazette des Communes, Club Éducation et vie scolaire
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En finir avec la ville sexiste
Sommaire du dossier
- Quand l’espace public est conçu par des hommes et pour les hommes
- Lutter contre la ville sexiste : l’importance de dresser un bilan statistique des disparités
- Mieux aménager la ville pour que les femmes s’y sentent bien
- « Pénaliser le harcèlement de rue est une mesure d’affichage ! »
- Equipements sportifs : et si on pensait aux femmes ?
- À Rennes, des subventions sportives valorisées pour les non-binaires
- Ces cours d’école « dégenrées » qui favorisent l’égalité filles-garçons
- L’égalité filles-garçons, une priorité dans la construction ou la rénovation des collèges
- Egalité femmes – hommes : les données genrées existent !
- « Les urbanistes n’intègrent pas le genre dans leurs analyses »
- A Lyon, une marche exploratoire pour mesurer l’insécurité de certains trajets en bus
- Les marches exploratoires généralisées à tous les quartiers prioritaires
- Le harcèlement sexiste omniprésent dans les transports
- Se former pour voir la ville sous un autre « genre »
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