Prêt à garder le directeur de cabinet d’Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée à la Décentralisation sous le gouvernement précédent, le nouveau secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale, André Vallini n’a pas eu le choix. Sur injonction de Matignon, André Vallini a dû se séparer de Laurent Olléon. Une façon, aux yeux de Manuel Valls, de marquer une rupture avec l’ère « Ayrault ».
Un « techno » très politique… – André Vallini a finalement arrêté son choix sur Serge Morvan. L’actuel directeur général des collectivités locales cultive un profil de « techno » au tropisme très politique. Cet administrateur civil hors-classe a été l’un des principaux architectes de la première loi de décentralisation du 28 janvier 2014.
Il possède, par ailleurs, une expérience de cabinet. Il a oeuvré auprès du ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant entre 2000 et 2002.
Proche du PS, Serge Morvan a ensuite occupé les fonctions de directeur général des services au conseil général de Saône-et-Loire, puis de Seine-Maritime. Ce personnage à la fois discret et affable s’appuie sur des réseaux étoffés parmi les cadres territoriaux et les élus locaux. « Il était déjà le dircab-bis d’Anne-Marie Escoffier », éclaire le délégué général d’une association d’élus.
Le directeur de cabinet du secrétaire d’Etat à la réforme territoriale gardera ses responsabilités à la tête de la direction générale des collectivités locales. En clair, il exercera une mission politique, tout en tenant les rênes d’une administration centrale basée dans une aile du ministère de l’Intérieur, rue des Saussaies. Ce qui fait dire à certains hauts-fonctionnaires facétieux : « Comme cela, André Vallini aura, dans son cabinet, 180 conseillers techniques issus de la DGCL. » Du côté du secrétariat d’Etat à la réforme territoriale, on assure que ce cumul n’a rien d’inédit.
Nouvelle distribution des rôles – Cette situation pose cependant la question de l’autorité de la ministre de tutelle du nouveau secrétaire d’Etat, Marylise Lebranchu. André Vallini est très officiellement chargé de la Réforme territoriale.
En place depuis 2012, Marylise Lebranchu, a obtenu que, dans son intitulé de poste, la décentralisation figure non plus à la deuxième place, mais à la première, devant la réforme de l’Etat et la fonction publique. Mais comment se déroulera la cohabitation entre le proche de François Hollande et l’ultime représentante du courant « Aubry » au sein du Gouvernement ?
Un familier de la rue des Saussaies évoque une possible marginalisation de la ministre : « Marylise Lebranchu ne voulait pas de secrétaire d’Etat. Elle en a un. Et, voilà, maintenant que celui-ci prend pour directeur de cabinet Serge Morvan qui a refusé l’an dernier de remplir les mêmes fonctions auprès d’elle… »
Marylise Lebranchu en a vu d’autres. Elle affiche une sérénité à toute épreuve. Par-delà les chapelles du PS, elle rappelle volontiers son unité de vue avec André Vallini.
Présidente de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, elle avait pu compter sur le soutien du patron du conseil général de l’Isère. Tous deux avaient, en 2011, porté l’idée, auprès des candidats à « la primaire citoyenne », de l’introduction d’une part de suffrage universel sans fléchage pour les élections dans les intercommunalités de plus de 50 000 habitants.
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Acte III de la décentralisation : la réforme pas à pas
Sommaire du dossier
- Décentralisation : la liste de courses des élus locaux à Emmanuel Macron
- Acte III de la décentralisation : la réforme pas à pas
- Grandes régions un an après : une réorganisation des services à la carte (1/5)
- Grandes régions un an après : les échelons infrarégionaux prennent de l’étoffe (2/5)
- Projet de loi NOTRe : ce qu’il faut retenir du texte du Sénat
- Projet de loi NOTRe : ce qu’il faut retenir du texte de l’Assemblée
- Réforme territoriale : opération résurrection à l’Assemblée
- Fusion des régions : les nouvelles règles relatives aux élections régionales 2015
- Grandes régions un an après : l’équilibre budgétaire reste lointain (3/5)
- Réforme territoriale : les recettes venues d’ailleurs
- Depuis la loi Notre, la compétence tourisme se divise entre coopération et compétition
- « Acte III » de la décentralisation : les agents territoriaux n’y voient toujours pas clair
- Réforme territoriale : gros plan sur les contre-propositions des départements
- André Vallini : « 14 milliards de transferts des départements aux régions »
- Nouvelle carte des régions : quelles conséquences financières ?
- Réforme territoriale : un projet de loi qui muscle l’interco et « dévitalise » le département – Décryptage
- Réforme territoriale : les départements pointent quatre idées reçues
- Quand le Conseil constitutionnel écrit sa propre réforme territoriale
- Exclusif réforme territoriale : la nouvelle version du projet de loi sur les compétences
- Réforme territoriale : les DG des associations d’élus s’engagent
- Réforme territoriale : la riposte des départements a commencé
- Manuel Valls veut rayer le département de la carte
- Face à la réforme territoriale, l’AMF vend ses « communes nouvelles »
- Décentralisation : ce qu’il faut savoir en 8 points clés sur le deuxième projet de loi Lebranchu
- Décentralisation : vers le retour du conseiller territorial ?
- «Supprimer le département est impossible sans révision constitutionnelle»
- Fusion des régions : des économies accessoires face à l’ampleur des enjeux
- La suppression des départements ne garantit pas des économies
- Aboutissement ou fin de la décentralisation ?
- André Vallini : un secrétaire d’Etat de combat, pour une nouvelle réforme territoriale
- Serge Morvan, homme-orchestre de la réforme territoriale
- Les 9 principales dispositions de la loi « métropoles » dans le détail
- Décentralisation : la loi « métropoles » validée, le prochain texte précisé
- Décentralisation : le Haut conseil des territoires à la trappe, les métropoles consacrées
- Décentralisation : « La grande innovation, c’est l’instauration de métropoles » – Jean-Marc Ayrault
- « Les tenants du big bang territorial vont être déçus » – Béatrice Giblin, géographe
- Énergie et climat : les régions en chefs de file
- Le pays trouve un avenir avec les pôles territoriaux d’équilibre
- Mutualisation des services : « Il y a un travail pédagogique à mener auprès des agents », selon Anne-Marie Escoffier
- Le projet de loi de décentralisation n°2 veut simplifier la gouvernance de l’emploi, de la formation et de l’orientation
- Décentralisation : les professionnels de la culture se préparent à travailler selon des repères territoriaux différenciés d’un territoire à l’autre
- Décentralisation : pourquoi l’acte III bloque sur l’interco
- Action sociale : l’articulation entre départements et communes pose question
- “Le chef de file n’a absolument aucun pouvoir de contrainte” – Géraldine Chavrier, professeur de droit public
- Mutualisation des services : tout le monde descend !
- Le tourisme à nouveau ballotté entre tous les niveaux de collectivités
- L’encadrement des collectivités au cœur des dispositions financières
- Projets de loi de décentralisation : le département futur « ingénieur en chef »
- Gestion des milieux aquatiques : un pilotage en eaux troubles
- Démocratie participative dans le projet de loi décentralisation : « la réforme manque d’ambition » – Marion Paoletti, Maître de conférences
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- 30 ans de décentralisation en 1 infographie
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