A Freyming-Merlebach (12 700 hab., Moselle), le plus grand des quatre cimetières (4,4 hectares, 3 300 sépultures) se transforme peu à peu en lieu vert et fleuri. Au lieu d’opter pour le désherbage effréné, fatigant et peu satisfaisant, la commune a troqué le schiste des chemins d’accès aux tombes et entre-tombes contre une semence de trèfle à croissance lente. Et la loi « zéro phyto », qui entrera définitivement en vigueur en juillet 2022, s’est traduite en économies sur le personnel et réduction de la pénibilité. « De deux agents qui effectuaient cinq heures chacun par semaine de débroussaillage et désherbage manuel, nous sommes passés à un agent qui réalise cinq heures par semaine de débroussaillage et de tonte », détaille Liliane Kuhnen, cheffe du service « état civil et population », directrice de la régie funéraire de Freyming-Merlebach. Le temps de tonte et de débroussaillage des pelouses, devenues prairies fleuries, a chuté de quatorze à trois heures par semaine.
« Nous avons aussi remplacé les haies de thuyas monotones par des haies libres et fleuries, plus colorées. Les plantes vivaces demandent moins d’arrosage et le temps de taille et d’entretien a été divisé par quatre pour le même nombre d’agents », se réjouit Liliane Kuhnen. Pour le cimetière, les écoliers peignent des ruches et fabriquent des nichoirs à oiseaux et des abris à insectes.
Mésanges antichenilles
A Lyon (523 000 hab.), depuis la fin du zéro phyto, en 2016, l’enherbement encadré est aussi devenu la norme et une politique de réintégration de la biodiversité a été mise en place. Deux cimetières (Loyasse, en 2017, et La Guillotière, en 2021) ont été labellisés « Refuge LPO ». Un troisième (La Croix-Rousse) le sera cette année.
« Recréer un environnement favorable fait revenir les animaux, explique Jean-Pierre Cornu, directeur des sept cimetières lyonnais (42 hectares). A Loyasse, nous avons identifié une cinquantaine d’espèces : oiseaux migrateurs ou installés dans les nichoirs, reptiles, hérissons, abeilles sauvages, etc. La nuit, ce lieu n’est pas pollué par les éclairages urbains, ça plaît aux chauves-souris et aux hiboux. »
En quelques années, la chaîne alimentaire s’est reconstituée.
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Gazette des Communes
Références
- « Funérailles écologiques : pour des obsèques respectueuses de l’homme et de la planète », Brigitte Lapouge-Déjean, Laëtitia Royant, Serge Lapouge, éd. Terre Vivante, 2017.
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Funéraire : le tournant écologique
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Sommaire du dossier
- Les rites funéraires polluent aussi, mais à quel point ?
- La crémation par l’eau, mode de sépulture de demain ?
- Des caveaux réhabilités font rimer écologie et économies
- Crématoriums : les caractéristiques techniques évoluent
- Quimper donne une seconde vie aux pierres tombales
- La métropole de Grenoble, territoire test pour l’humusation ?
- Forêts cinéraires : « un texte est nécessaire et urgent »
- Les forêts cinéraires dans le brouillard
- Avec leur cimetière animalier, ces communes qui répondent à un besoin sociétal croissant
- Humusation, aquamation, promession : mais que cachent ces modes de sépulture écolos ?
- Les cimetières à l’heure de la transition écologique