Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, a lancé le Plan national pour un numérique inclusif ce jeudi 13 septembre à Nantes, à l’occasion de l’événement Numérique en Commun[s] organisé par l’Agence du numérique.
L’objectif de ce plan, c’est de lutter contre l’exclusion numérique. Car 13 millions de Français demeurent éloignés du numérique, parmi lesquels 6.7 millions n’utilisent pas Internet. Pour Mounir Mahjoubi, « il est impossible de laisser 20% de la population sur le côté. Les transformations numériques vont s’accélérer. C’est notamment vrai concernant l’accès aux services publics, avec la dématérialisation de l’ensemble des services publics d’ici la fin du quinquennat. Il faut former tout le monde ».
Pour lutter contre ce qu’il appelle l’illectronisme, le gouvernement – avec l’aide de différentes associations d’élus, les collectivités territoriale, des acteurs privés et publics locaux – s’est engagé dans l’élaboration d’une Stratégie nationale pour un numérique inclusif durant l’année écoulée.
Le but est d’accompagner et de former 1,5 millions de personnes au numérique chaque année
« Désormais chacun doit prendre ces responsabilités, » a déclaré le secrétaire d’Etat. D’où le lancement du plan national pour un numérique inclusif. Le but sera d’accompagner et de former 1,5 millions de personnes au numérique chaque année, par le biais de différents dispositifs, et grâce à un financement à hauteur de 100 millions d’euros sur plusieurs années, en provenance entre autres de l’Etat et de la Banque des territoires.
Des hubs France connectée
L’Etat et la Banque des territoires vont investir 5M€ sur les 18 prochains mois pour mettre en réseau les acteurs locaux de l’inclusion numérique dans les territoires, avec le déploiement de structures territoriales intermédiaires : les Hubs France connectée. Des structures qui devront « s’assurer que les petites organisations, à l’image des fablabs ou des tiers lieux, se coordonnent » a expliqué Mounir Mahjoubi.
« L’objectif est de booster un écosystème existant, » a précisé Nicolas Turcat, de la Banque des territoires, lors d’une table ronde de l’événement Numérique en Commun[s]. Un appel à projet a ainsi été lancé auprès des collectivités le 13 septembre par la Banque des territoires. Selon ce dernier, « cet appel à projet est assez libre. Nous ne voulons pas fixer de critères forts. Il y aura toutefois un impératif : il faudra pouvoir être capable de générer une réflexion sur le modèle économique de la médiation numérique ». Ces hubs devront ainsi recenser, conseiller et outiller les acteurs de terrain pour accueillir et dispenser des ateliers numériques partout dans les territoires.
Un pass numérique
Ce dispositif s’articulera avec celui du Pass numérique, financé à hauteur de 10 millions d’euros par l’Etat, et qui permettra aux publics précaires d’accéder à un service d’accompagnement au numérique, dans des lieux labellisés et de qualité.
Ces pass, qui prennent la forme de coupons papiers d’une valeur de 50 à 100 euros, seront remis par des agents et des aidants aux personnes en difficulté, pour les orienter vers des lieux de médiation numérique où ils pourront suivre des ateliers de formation. Cinq à dix ateliers leur permettront de devenir autonomes pour créer leurs identifiants et boîte mail, accéder à leurs droits, faire des démarches ou des recherches d’emploi…
Il fallait un outil pour attirer les plus précaires
Gérald Elbaze, fondateur d’Aptic (créateur du pass numérique), expliquait à Numérique en Commun[s], que « ce chèque vient en appui de l’écosystème déjà en place. L’objectif est de chercher les personnes qui ont le plus besoin d’avoir accès à la médiation. Ceux qui franchissent la porte des lieux de médiation ont déjà un appétit pour le numérique. Il fallait un outil pour attirer les plus précaires dans ces lieux. »
Le secrétaire d’Etat au Numérique a souligné que « ces pass seront distribués dans les guichets où les personnes précaires numériquement se rendent, que ce soit à la sécurité sociale, à la Poste, à la banque, etc. »
Une instance et des plateformes
Une instance nationale est également mise en place. Elle s’est réunie pour la première fois le vendredi 14 septembre, à Nantes, là encore à l’occasion de l’événement Numérique en Commun[s]. Composée notamment de représentants des collectivités, elle aura pour rôle de porter la médiation sur le plan politique.
En parallèle, sont mises en place deux « plateformes ressources ». Une à destination des collectivités territoriales (qui donne des outils pour identifier et mobiliser les acteurs de la médiation numérique), et une à destination des aidants numériques (qui présente comme une boite à outils pour l’accompagnement des publics).
Un compte France Connect Aidants ?
Le plan prévoit aussi d’encadrer les aidants numériques « qui font à la place de ». Pour ce faire, un outil « France connect aidants » sera expérimenté, afin que l’aidant puisse s’identifier comme un tiers réalisant une démarche administrative en ligne à la place d’une personne ne parvenant pas à les faire seule.
Tout cela pour parvenir à « un numérique humain, un numérique en commun » comme l’appelait de ses vœux la maire de Nantes Johanna Rolland, à l’occasion de l’ouverture de Numérique en commun[s]. Un événement désormais appelé à se répéter chaque année.
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