Il existe des mesures coercitives afin d’inciter les automobilistes à laisser leur voiture au garage. Quelles sont-elles ?
Réduire l’espace alloué à la voiture est possible. Cela se fait d’abord en restreignant le nombre de places de stationnement sur le domaine public. Certaines villes imposent déjà par ailleurs des ratios maximums de places de parking pour les voitures dans les opérations de construction de logements neufs, mais aussi des ratios minimums pour les places de vélo. Ensuite, une autre stratégie consiste à réduire les voies de circulation dédiées aux automobiles en partageant la voirie avec les autres modes de transport et en élargissant les trottoirs. Enfin, les collectivités concernées par un plan de protection de l’atmosphère peuvent mettre en place des zones à circulation restreinte pour les véhicules les plus polluants.
Qu’en est-il du levier financier ?
On peut renchérir l’usage de la voiture en ville en créant des péages urbains, par exemple. Cela fait presque trente ans que l’idée est sur le tapis. Mais, en France, les pouvoirs publics sont réticents à mettre en œuvre cette idée. Pourtant, depuis qu’un péage urbain a été instauré dans le centre de Londres, la circulation a baissé et le trafic est plus fluide. Augmenter le prix du stationnement constitue un autre moyen d’action efficace : plus il est onéreux, plus il est dissuasif.
Comment expliquer qu’un abonnement annuel à un parking coûte jusqu’à dix fois plus cher qu’un abonnement sur la voie publique ?
Pour être efficace, il faudrait que ce soit le contraire : que les stationnements en surface coûtent plus cher que les parkings. Sans compter que, dans beaucoup de quartiers, des places gratuites sont encore proposées. Les villes continuent à privilégier leurs résidents, au détriment des usagers captifs de la voiture qui viennent de l’extérieur. C’est sans doute une erreur. La dégradation des conditions de circulation doit s’accompagner d’une offre d’alternatives, en particulier pour les personnes contraintes de changer de moyens de transport.
Lorsqu’il est plus compliqué et plus cher d’utiliser sa voiture, les habitudes changent-elles ?
Oui. On le voit bien avec les zones à trafic limité (ZTL) mises en place en Italie par une centaine de villes petites et moyennes. Il s’agit d’espaces urbains dans lesquels la circulation est interdite sur certaines plages horaires, sauf aux transports publics, aux services d’urgence, aux personnes à mobilité réduite et, partiellement, aux riverains. Il est démontré que le contrôle de la circulation automobile dans les périmètres des ZTL favorise la pratique cycliste, même au-delà du centre, et a des retombées positives sur l’intermodalité avec le train régional. Plus il sera compliqué de se déplacer en voiture, plus les gens se tourneront naturellement vers les solutions alternatives, parmi lesquelles les modes actifs.
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Mobilités : coup de frein sur la voiture dans les villes moyennes
Sommaire du dossier
- Mobilités : coup de frein sur la voiture dans les villes moyennes
- Quatre stratégies pour des émissions carbone réduites
- « Les mobilités sont un outil de lutte contre les fractures territoriales »
- Pourquoi l’automobile gagne encore du terrain
- Le retour de la voiture en centre-ville : un succès ?
- « Plus se déplacer en voiture sera compliqué, plus les gens se tourneront vers d’autres solutions »
- Mobilités : sur les trajets courts, le vélo et la marche s’imposent
- « Après la fermeture d’une autoroute urbaine, le trafic s’évapore »
- « Il faut sortir de notre dépendance à la voiture individuelle »
- Politiques cyclables : 10 pratiques inspirantes…ou pas
- Aménagement des berges de la Seine : comprendre la polémique
- Mobilité dans les villes moyennes : vers un retour de la voiture ?
- Paris lance une stratégie « piétons » pour contrer la voiture