Stanislas Guerini ne s’y trompait pas en affirmant, dans nos colonnes à la veille des élections professionnelles 2022, que, face aux défis qui se présentent à la fonction publique, « nous avons besoin de dialogue social fort et d’une démocratie sociale qui fonctionne ». La nécessité était d’autant plus importante que la hiérarchie syndicale issue du scrutin mettra en œuvre les nouvelles règles prévues par la loi de transformation de la fonction publique de 2019.
« Aquoibonisme » massif
Mais rien n’y a fait. Les taux de participation ont enregistré une nouvelle baisse, dans toutes les fonctions publiques. Et pas qu’un peu : – 6,2 % dans la territoriale, à 45,6 %. En 2008, le taux de participation flirtait avec les 60 %… La refonte des instances de dialogue social et de ses modalités, opérée par la loi « TFP », n’a pas suscité de sursaut chez les agents. A moins que, justement, ce nouveau cadre, qui restreint le champ d’intervention des commissions administratives paritaires (CAP) et fond en un seul comité social territorial (CST) les anciens comités techniques et comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, n’ait entraîné chez les agents un « aquoibonisme » massif.
Pompon de l’abstention
C’est ainsi que la participation en CST est, en général, sensiblement inférieure à celle en CAP. Sachant que, en tendance toujours, les agents de la catégorie A ont bien plus participé que les « B », eux-mêmes ayant plus voté que les « C ».
Mais le pompon de l’abstention, si l’on peut dire, est décroché par les contractuels, qui ont très peu voté aux commissions consultatives paritaires.
Cette abstention massive ne peut qu’inquiéter, la loi « TFP » ayant ouvert les vannes de leur recrutement. Il faudra bien que les employeurs territoriaux, appelés à représenter des contingents toujours plus importants dans les collectivités, trouvent chez eux des interlocuteurs légitimes pour négocier leur place et un déroulement de carrière, aux côtés des titulaires.
Indépendamment de ces résultats très mitigés, il y a fort à parier qu’employeurs territoriaux, syndicats et agents n’aient à résoudre, en 2023, la même équation qu’en 2022, et avant : comment redonner du souffle aux rémunérations ?
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Les élections professionnelles 2022 ouvrent une nouvelle ère du dialogue social
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