Quelle réponse apporter à l’assassinat terroriste du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, le 16 octobre ? « Une réponse en trois temps », a détaillé le ministre de l’Education nationale. En ce 2 novembre, jour de rentrée scolaire, il a prévu d’alterner des temps consacrés à la pédagogie et au recueillement pour les collégiens et les lycéens, qui liront également la « Lettre aux instituteurs et aux institutrices » de Jean Jaurès. D’autres temps sont aussi organisés en élémentaire et en maternelle.
Volonté d’une reconquête globale
Cette réponse ministérielle s’inscrit dans une « reconquête » de la laïcité que le gouvernement veut globale. Elle prendra son envol lors de la présentation du projet de loi de lutte contre les séparatismes, inscrit à l’agenda du Conseil des ministres le 9 décembre.
Une date hautement symbolique, puisqu’il s’agira également des 115 ans de la loi relative à la séparation des Eglises et de l’Etat. Cette vieille dame se verra donc offrir, pour son anniversaire, une nouvelle ère de combat, non pas comme à sa naissance, contre l’immixtion des religions dans les affaires publiques (et de la religion catholique au premier chef, à l’époque), mais contre l’islamisme et ses dérives terroristes.
Renouvellement à l’Observatoire de la laïcité
Matignon affiche clairement un nouveau plan de bataille pour la laïcité. Il l’a démontré autoritairement, annonçant le 20 octobre vouloir « renouveler » l’Observatoire de la laïcité afin que cette instance « soit davantage en phase avec la stratégie de lutte contre les séparatismes ». Car le Premier ministre veut en finir avec la laïcité défendue par son président, Jean-Louis Bianco, et son rapporteur général, Nicolas Cadène, accusés d’être trop conciliants avec les « ennemis de la République ». Les collectivités, elles, ne s’en plaignaient pas, trouvant auprès de l’institution des réponses concrètes et pratiques.
Mais lier l’action et le sort de l’Observatoire de la laïcité à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, n’est-ce pas se tromper de combat et tomber dans le piège des lois de circonstance contre lesquelles Emmanuel Macron voulait lutter ?