Conscients du potentiel offert par les énergies renouvelables, ces élus ont recensé les atouts de leurs territoires : le climat, la géologie, et le relief qui ont permis très tôt de diversifier les énergies renouvelables, avant même que le Grenelle de l’environnement n’introduise la notion de « mix énergétique. »
Soucis de formation – Selon Ange Lavenaire, maire du Marigot (Martinique), et président de la communauté de communes du Nord de la Martinique, « sur un territoire insulaire, la maîtrise de l’énergie doit se faire à l’échelle intercommunale. Nous avons recruté des jeunes gens, dans le cadre de leur service civique, puis nous les avons formés aux questions énergétiques. Le principal outil était le schéma de cohérence territoriale, grâce auquel nous avons pu créer des fermes éoliennes. » Optimiste, ce maire estime atteindre les 20% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2020, en partie grâce à un contrat d’objectif territorial signé avec l’Ademe, et à l’accompagnement d’un syndicat mixte d’électricité.
Création d’emplois – Reste que sur ces territoires périphériques pénalisés par un fort taux de chômage (jusqu’à 80% à Mayotte), la question de l’autonomie énergétique reste indissociable de la création d’emplois. Bruno Mamindy-Pajany, maire de Sainte-Rose (Réunion), une commune de 7000 habitants, est fier que son territoire ait acquis une certaine autonomie énergétique, grâce à une production d’électricité décentralisée, axée sur l’éolien, l’hydro-électricité, et le photovoltaïque. L’élu mise sur « un développement endogène, qui respecte l’équilibre du territoire. »
Il suggère par exemple de compenser les terres agricoles, lorsqu’elles sont utilisées à des fins d’implantation photovoltaïque. « Lorsqu’on perd des terres agricoles, cela a un coût. Et on ne peut pas non plus se permettre d’assécher la rivière pour développer l’énergie. » Conscient des arbitrages difficiles qu’un élu doit réaliser, il pose le problème de sa relation avec EDF, pour mener à bien des projets. Enfin, pour respecter l’équilibre du territoire, tout en créant des emplois, il suggère une nouvelle piste, celle de l’énergie thermique de mer.
Développement économique – René Noël, maire de la Désirade (1650 habitants), et président de l’association des maires de Guadeloupe souhaite avant tout « faire du développement économique, à travers la transition énergétique. » A cet égard, la ferme éolienne de la Désirade a permis à la commune d’acquérir une certaine autonomie énergétique, grâce au produit de la vente d’énergie qui permet de couvrir le budget du poste de l’électrification rurale. Prochaine étape, l’utilisation des toits municipaux pour l’implantation de capteurs photovoltaïques, qui permettront d’alimenter une flotte de véhicules électriques, en autoconsommation. Ce démonstrateur sera mis en place en coopération avec l’Ademe. « Nous allons associer création d’emplois et développement économique sur la filière véhicules électriques, ce sera une première dans les Dom.
Paradoxe – De l’avis général, les modèles économiques relatifs aux énergies renouvelables sont considérés comme « peu stables », ce qui dissuade bon nombre d’investisseurs privés, qui préfèrent alors conserver leurs projets dans des cartons. « Nous n’avons pas la politique de nos moyens » avancent quelques élus ultra-marins, qui voudraient orienter les jeunes vers les nouveaux métiers liés aux énergies renouvelables. Difficile en effet « de jouer sa partition dans les échanges caribéens, quand EDF est en situation de monopole en Guadeloupe et en Martinique » jugent certains élus, découragés. René Noël n’a pas hésité à interpeller Cédric Loret, chef du département Ecologie à la DEGEOM : « comment créer des emplois, et du développement, alors que notre parole n’est pas entendue ? La question est : veut-on développer les Outre-Mer ? Si oui, donnez-nous les moyens ».
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