Préserver la nature tout en répondant aux besoins des Français : le chemin vers le zéro artificialisation nette (ZAN) s’annonce long et tortueux. Et les défis pour les collectivités, particulièrement nombreux… C’est ce qui ressort d’une étude réalisée auprès d’échantillons représentatifs de Français, d’élus et d’agents de collectivités et de représentants d’entreprises de la construction.
L’enjeu de prĂ©servation de la biodiversitĂ© et de maintien des terres agricoles apparaĂ®t pourtant très largement partagé : 80 % des Français le considèrent comme « majeur », tout comme 98 % des Ă©lus et agents et 88 % des acteurs de la filière du bâtiment. Si le Plan biodiversitĂ© de juillet 2018 – qui a introduit la notion de ZAN – n’avait rien changĂ© pour un quart des collectivitĂ©s dĂ©jĂ sensibilisĂ©es Ă cet aspect, ce texte aurait toutefois permis Ă 39 % des acteurs de renforcer leur rĂ©flexion. La crise sanitaire a confortĂ© ce terreau : elle aurait amenĂ© une collectivitĂ© sur deux Ă repenser ses prioritĂ©s en termes d’investissements (voir le graphique n° 1) et Ă davantage porter l’effort sur la protection de l’environnement (75 %), la santé (74 %) et les modèles urbains (70 %).
Le portage politique comme premier levier d’action
De la rĂ©flexion Ă l’action, il n’y a toutefois qu’un pas… qu’il reste Ă franchir. Pour plus de 80 % des Ă©lus et des agents, cet objectif ZAN apparaĂ®t certes « pertinent » ou « adaptĂ© » au contexte actuel. En revanche, n’est-il pas trop ambitieux ? Il ne serait « clair » que pour six sondĂ©s sur dix (62 %) et « atteignable » pour seulement la moitiĂ© d’entre eux (49 %) (voir le graphique n° 3). Les mĂŞmes proportions se retrouvant parmi les reprĂ©sentants de la filière « construction ». Par ailleurs, si les reprĂ©sentants des collectivitĂ©s se disent prĂŞts (82 %) Ă repenser l’amĂ©nagement de leur territoire dans cette optique, ils restent sceptiques (40 %) quant aux volontĂ©s des entreprises de modifier leurs pratiques.
Les collectivités apparaissent toutefois comme les locomotives du changement dans cette perspective ZAN. Même si 42 % des élus et des agents considèrent que cet enjeu reste l’affaire de tous, 45 % pensent que la responsabilité en revient aux communes et 33 % à l’Etat. Sans compter que le manque d’impulsion des élus est considéré comme le principal frein pour 71 % des… élus et des agents interrogés !
Le portage politique semble ainsi reprĂ©senter le premier levier d’action. Cependant, les acteurs plaident Ă©galement pour plus de « synergies »Â : entre les collectivitĂ©s elles-mĂŞmes pour 67 % des dĂ©cideurs locaux, mais aussi entre les collectivitĂ©s et les entreprises de construction. Plus des trois quarts des sondĂ©s dans ces deux secteurs (78 % et 75 %) considèrent les interactions actuelles comme « insuffisantes ». Et neuf entreprises sur dix souhaitent davantage d’échanges avec les dĂ©cideurs locaux autour de cet enjeu.
Recensement des friches et secteurs densifiables
Plus de dialogue donc, ne serait-ce que pour évoquer les mesures qui apparaissent opportunes aux yeux de chacun, dans cette quête du ZAN. D’autant plus qu’au regard de cette étude, collectivités et entreprises se retrouvent autour d’un certain nombre d’entre elles. Ainsi, 94 % des interrogés des collectivités et 95 % de ceux dans les entreprises militent pour l’obligation de recenser précisément les friches et secteurs densifiables pour l’élaboration des plans locaux d’urbanisme (voir le graphique n° 4). Et plus de huit sur dix (84 % et 81 %) souhaitent la mise en place d’une gouvernance de l’artificialisation des sols. Les élus et les agents citent également (83 %) la création d’un outil national de mesure de l’artificialisation des sols.
Tous ces acteurs s’entendent aussi sur le fait de concentrer en prioritĂ© les efforts sur les surfaces commerciales et Ă©conomiques, pour maĂ®triser l’artificialisation. Les centres commerciaux donc – dont, au passage, 67 % des entreprises estiment qu’il faudrait interdire la crĂ©ation – puis les zones industrielles et l’habitat. Ce dernier aspect s’avère sensible. Les citoyens sont-ils prĂŞts Ă faire des concessions sur leur modèle d’habitat idĂ©al ? Pas vraiment, semble-t-il, dans un contexte oĂą un Français sur trois (32 %) se dit prĂŞt Ă changer de logement dans les cinq ans, pour gagner ou amĂ©liorer un extĂ©rieur. Et pour cause : deux sur trois (62 %) considèrent que limiter la taille des jardins privatifs ne constitue pas une « solution utile » pour lutter contre l’artificialisation des sols. Pas plus que le fait de vivre en appartement plutĂ´t qu’en maison (60 %). Ils restent donc Ă convaincre.
MĂ©thode : Ă©tude menĂ©e en ligne pour « La Gazette », « Le Moniteur » et le dĂ©partement de la Loire-Atlantique auprès de 1000 Français et 400 habitants du dĂ©partement de la Loire-Atlantique, du 2 septembre au 16 septembre, ainsi qu’auprès de 230 dĂ©cideurs dans les collectivitĂ©s et 236 dĂ©cideurs de la construction, du 11 aoĂ»t au 13 septembre. Etude produite par Infopro digital Ă©tudes (etudes@infopro-digital.com).
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