Après les villes moyennes avec Action cĹ“ur de ville, c’est au tour des petites villes de bĂ©nĂ©ficier d’un programme dĂ©diĂ©, qui vise les bourgs-centres de moins de 20 000 habitants – sans taille minimale – prĂ©sentant des fragilitĂ©s quant Ă la vitalitĂ© de leur centre-ville.
L’Association des petites villes de France (APVF) militait de longue date pour un tel programme, qui avait Ă©tĂ© inscrit dans l’Agenda rural prĂ©sentĂ© par le premier ministre, Edouard Philippe, le 20 septembre 2019.
C’est donc Ă Barentin, commune dont le maire est Christophe Bouillon, par ailleurs prĂ©sident de l’APVF, que Jacqueline Gourault, ministre de la CohĂ©sion des territoires, accompagnĂ©e du secrĂ©taire d’Etat Ă la ruralitĂ©, JoĂ«l Giraud, a prĂ©sentĂ© le plan Petites Villes de demain, portĂ© par l’Agence nationale de la cohĂ©sion des territoires, le 1er octobre.
Le ministère insiste notamment sur le potentiel d’innovation que recèlent ces communes, pĂ´le de centralitĂ© sur leur territoire, qui ont multipliĂ© les bonnes initiatives pendant le confinement. Les idĂ©es sont lĂ , mais l’ingĂ©nierie manque, et c’est particulièrement sur cet axe que le plan se propose d’apporter du soutien.
Le programme a Ă©tĂ© construit en s’inspirant des action menĂ©es dans les 54 communes de l’appel Ă manifestation d’intĂ©rĂŞt (AMI) « centres-bourgs », lancĂ© Ă l’Ă©tĂ© 2014.
« On a vu qu’il y avait un vĂ©ritable verrou Ă faire sauter en finançant des postes de chef de projet, en donnant accès Ă de l’ingĂ©nierie externe », rĂ©sume-t-on au ministère.
Sélection déconcentrée
1000 communes vont ĂŞtre retenues dans le plan – initialement 2099 communes avec une fonction de centralitĂ© avaient Ă©tĂ© retenues –, selon une sĂ©lection dĂ©concentrĂ©e opĂ©rĂ©e par les prĂ©fets, en tenant compte de diffĂ©rents indices de fragilitĂ©, et des projets des Ă©lus locaux. La sĂ©lection se fera de novembre jusqu’Ă fin dĂ©cembre, en associant Ă©galement dĂ©partements et rĂ©gions, qui ont souvent mis en place des programmes de soutien aux petites villes.
Dix mesures principales figurent dans le programme, dont certaines font dĂ©jĂ partie d’autres programmes gouvernementaux – les 800 maisons France Services, les 500 microfolies dĂ©ployĂ©es dans les communes du programme. L’essentiel du programme repose sur l’accès Ă l’ingĂ©nierie, avec le financement jusqu’Ă 75% d’un poste de chef de projet, le financement de postes de managers de centre-ville (subvention de 40 000 euros pour deux ans) d’un diagnostic flash post-Covid (Ă 100 %) et comprenant un plan d’actions en faveur de la relance du commerce de centre-ville, l’accompagnement sur deux jours pour monter des opĂ©rations complexes, la prise en charge d’une partie du dĂ©ficit d’opĂ©ration pour les reconversions de friches industrielles ou commerciales.
Trois milliards sur six ans
Comme pour le plan Action cĹ“ur de ville, plusieurs partenaires ont Ă©tĂ© mis Ă contribution pour le financement estimĂ© Ă 3 milliards d’euros sur six ans : la Banque des territoires mobilise 300 millions, dont 200 millions pour de l’ingĂ©nierie, et 100 millions pour investir dans des projets locaux, l’Agence nationale de l’habitat pour 288 millions, les ministères de la cohĂ©sion des territoires et de la transition Ă©cologique Ă hauteur de 1,8 milliards, hors plan de relance, via la dotation d’Ă©quipement des territoires ruraux et la dotation de soutien Ă l’investissement local, c’est-Ă -dire des crĂ©dits de droit commun. Action logement, l’un des gros financeurs du plan Action cĹ“ur de ville, ne figure pas, cette fois, au tour de table.
Les projets pourront aussi financer des crĂ©dits du plan de relance, par exemple sur la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des bâtiments, le fonds friches de 300 millions d’euros ou le fonds pour les maires « densificateurs » de 350 millions d’euros.
L’objectif est de dĂ©marrer très vite, c’est pourquoi dès les projets politiques validĂ©s, de premiers financements pourront ĂŞtre dĂ©bloquĂ©s pour, par exemple, le poste de chef de projet ou des Ă©tudes, afin d’Ă©laborer un projet de territoire, qui vaudra opĂ©ration de revitalisation de territoire (ORT), et qui donnera donc accès au dispositif de dĂ©fiscalisation « Denormandie » dans l’ancien.
Certaines villes retenues dans l’AMI centres-bourgs sont dĂ©jĂ bien avancĂ©es, et n’attendaient plus que l’annonce du plan pour passer Ă la phase opĂ©rationnelle de leur projet.
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Ces territoires ruraux qui n'ont pas dit leur dernier mot
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- Le plan de revitalisation des centres-bourgs peine à se déployer
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