Sur le plateau du 20h de France 2, mardi 8 janvier, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), Chantal Jouanno a annoncé sa décision de se retirer de l’organisation du Grand débat national. En cause, les révélations de son salaire – 14 666 euros bruts mensuels -, deux jours plus tôt, dans un contexte de crise des gilets jaunes notamment centrée sur la nécessaire hausse du pouvoir d’achat.
Une décision inattendue à 7 jours du coup d’envoi de cette grande concertation citoyenne qui a conduit le Premier ministre, Edouard Philippe à mettre à l’ordre du jour du séminaire gouvernemental le grand débat et la « définition de sa structure ». Sauf qu’à sa sortie, aucun nom pour la succession de Chantal Jouanno n’a été prononcé ni aucune modalité pratique.
Une attente prudente
« Peu importe la personne qui va piloter le Grand débat, ce qui compte, c’est ce que le gouvernement en fera », explique Vanik Berberian, président de l’association des maires ruraux de France qui salue au passage la décision de
Chantal Jouanno.
Peu importe la personnalité qui présidera au déroulement du Grand Débat l’importance est sa réussite dans l’intérêt majeur du Pays. Il faut un climat constructif et serein et pour cela @Elysee doit s’engager dès maintenant sur les suites que le Gvt entend y donner @Maires_Ruraux
— Vanik Berberian (@defibrilators) 9 janvier 2019
« Elle a eu une réaction constructive aux questions que suscitait son salaire car si elle était restée, le Grand débat aurait été pollué par ces questions » poursuit le maire de Gargilesse-Dampierre (Indre).
Plus à l’est, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin), Jo Spiegel se dit « dans l’expectative » depuis l’annonce gouvernementale de lancer une grande concertation citoyenne. « Ce n’est pas le départ de Chantal Jouanno qui m’interroge, mais le sens donné à ce débat ». Car pour cet élu régulièrement cité en exemple pour avoir toujours associé les habitants de sa commune aux décisions qu’il prenait, « le débat n’est qu’une phase de la démocratie et s’il n’est pas intégré dans une séquence démocratique complète, il n’aura pas d’effets ».
Une attente partagée également par le maire des Molières (Essonne), Yvan Lubraneski qui reconnaît ne pas « savoir encore grand-chose de ce Grand débat », mais qui en attend beaucoup. « En tant que maire, je souhaite participer à ce débat car dans les revendications du mouvement social actuel, je reconnais mes propres revendications en terme notamment de fracture territoriale ».
Nouveau pilote
« Pour ma part, je ne participerai pas à ce débat », confie de son côté le maire alsacien. Car selon Jo Spiegel, « la démocratie est un processus de partage, de co-construction qui doit se faire dans la durée. En deux mois, ce n’est pas possible ».
L’élu confie également craindre pour le Gouvernement un « effet boomerang » car ce débat « risque de n’être qu’un grand défouloir ». Pas de crainte en revanche pour Yvan Lubraneski, qui y voit plutôt une opportunité pour les territoires de se faire entendre. « Ce Grand débat va remettre la commune au centre ». Et de conclure, « toute procédure de participation citoyenne est une bonne nouvelle ».
Un optimisme qu’appréciera Matignon qui doit, en début de semaine prochaine, communiquer qui sera le nouveau pilote du Grand débat.
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