Notable, âgé, masculin… Les clichés du profil type du maire restent assez justes. Sexagénaires, retraités, cadres du public ou agriculteurs, le paysage est rempli de beaucoup (beaucoup) d’hommes, puisque 86 % des premiers magistrats sont de sexe masculin. Le mandat de maire reste d’ailleurs le plus masculin de toute la palette électorale. Si le conseil municipal doit comporter 50 % d’hommes et 50 % de femmes, l’absence de contrainte de parité dans les fonctions exécutives explique en partie que cette élection reste surtout celle des hommes.
Toujours pas en phase avec la diversité de la société
Autrement dit, le renouvellement annoncé du maire, plus en phase avec la diversité de la société française dans tous les sens du terme, n’arrive pas. Ainsi, 23 % d’entre eux sont cadres ou ont des professions intellectuelles alors qu’ils ne constituent que 7 % de la population. Les employés et les ouvriers restent, eux, sous-représentés : 2,7 % des maires élus en 2014 sont issus du monde ouvrier alors qu’ils représentent 15 % de la population française active. Après les élections de 2014, on a cependant beaucoup parlé du maire « nouvelle génération », plus jeune, plus souvent salarié, plus féminin. Et oui, ces édiles-là existent bien dans les grandes villes et les zones périurbaines !
Toutefois, avec un nombre très élevé de petites communes rurales, une spécificité française, la très grande majorité des maires administrent principalement des communes de moins de 5 000 habitants. L’évolution du profil type des maires achoppe donc sur l’émiettement communal. Par exemple, 18 % d’entre eux sont agriculteurs alors qu’ils ne représentent que 1,3 % de la population.
Autre cliché qui, lui, a perdu de son acuité : celui du maire notable, souvent médecin, notaire, pharmacien, avocat, qui pouvait se prévaloir d’un prestige social. Ce portrait de l’édile qui décide seul et n’en réfère qu’à chaque élection à ses administrés ne tient plus parce que la relation entre le maire et les citoyens a profondément évolué.
Désormais lié à la confiance, l’exercice du mandat de maire va s’appuyer sur la démocratie participative et s’habituer à l’interpellation des élus, aujourd’hui très fréquente. Une telle atmosphère ne permet plus à des maires notables d’inscrire leur mandat dans la durée.
Théâtralisation du mandat
Mais là où cette figure garde toute son actualité, c’est dans la personnalisation accrue de ce mandat. L’exercice du pouvoir reste très centralisé, profondément associé au profil du maire, avec généralement une forte culture présidentielle municipale. C’est bien l’édile qui constitue lui-même sa liste ou qui préside le conseil municipal.
Mais cette personnification passe également par des procédures de gouvernance, organisée autour de la figure municipale, qui permettent au maire de se mettre en scène dans la posture du dialogue. C’est peut-être aussi cela qu’il faut voir dans la multiplication des concertations citoyennes, des bilans de mi-mandat, des réunions de quartier…
Par cette théâtralisation de son mandat, le maire navigue entre jeu décisionnel plus ouvert, à l’écoute des citoyens, et position de leadership fortement ancré dans l’imaginaire. En cela, le maire contemporain est surtout devenu un manager territorial.
Cet article fait partie du Dossier
100e congrès des maires : mon maire, ce héros
Sommaire du dossier
- Etre maire, une mission sacerdotale
- Le regard du psychologue sur le maire
- Le regard de l’écrivain sur le maire
- Le regard du sociologue sur le maire
- Portrait-robot : le maire courage
- Le regard de l’historien sur le maire
- Portrait-robot : le maire colère
- Portrait-robot : le maire flic
- Portrait-robot : le maire aménageur
- Portrait-robot : le maire argentier
- Portrait-robot : le maire soutien de la culture
- Portrait-robot : le maire écolo
- Portrait-robot : le maire manager
- Une journée dans la vie d’un maire de 2067
- Prêtre, avocat, artiste… Ils côtoient le maire et nous parlent de leur expérience
Thèmes abordés