Marie-Jeanne Béguet s’enflamme : « Peu importe si c’est difficile, pourvu que cela contribue à faire bouger les neurones. L’enjeu est l’ouverture des esprits et le libre arbitre, donc le fonctionnement de la démocratie. » Après plus de vingt ans de mandat à Civrieux (1 400 hab., Ain), l’élue (Modem) n’a pas cédé un pouce d’engagement pour cette cause qu’est la culture, et qui envahit vite la vie personnelle…
« Un maire doit lire, aller au théâtre, aux concerts, au musée, bref, avoir des pratiques culturelles, car on ne parle bien que de ce que l’on connaît », rappelle Olivier Bianchi, maire (PS) de Clermont-Ferrand (141 500 hab.) et président de la métropole. L’ancien adjoint chargé de la culture n’en a pas fini avec le sujet, puisqu’il vise le titre de « Capitale européenne de la culture » pour sa ville en 2028.
Ego et prise de risque
D’un côté, il y a la dimension technique, « liée à la complexité croissante du secteur », poursuit celui qui « dialogue avec les professionnels pour gagner en expertise ». De l’autre, il y a « la part d’affectif dans les relations avec les artistes », souligne Dominique Fouchier, maire (PS) de Tournefeuille (26 200 hab., Haute-Garonne), qui mise sur la culture pour faire de sa ville un pôle d’attractivité de l’agglomération toulousaine. « Tantôt, ils sont un peu dans la routine et le consensus, et je leur demande d’innover ; tantôt, ce sont eux qui nous poussent vers la nouveauté. Le maire doit donc accepter une prise de risque », indique-t-il.
Mais les relations avec les artistes peuvent être « compliquées », jugent les édiles à l’unisson. « Ils ont de fortes personnalités et des ego qu’il faut ménager, relate Pierre Aschieri, maire (SE) de Mouans-Sartoux (9 900 hab., Alpes-Maritimes), ville qui s’est fait un nom sur son festival du livre et son Espace d’art concret. Mon rôle est de repérer les bonnes idées pour la commune et de faciliter les projets des créateurs. »
La carte de l’intercommunalité
Ex-professeure d’économie, Marie-Jeanne Béguet préside aux destinées de Civrieux (1 400 hab., Ain) depuis 1995. L’élue centriste, qui porte son engagement pour la culture sous sa double casquette de vice-présidente de la communauté de communes Dombes-Saône vallée (19 communes, 36 000 hab., Ain) et de l’AMRF, a joué à fond la carte de l’intercommunalité pour doter sa commune d’équipements culturels : bibliothèque et médiathèque, école de musique, cinéma, centre d’expositions… Aujourd’hui, sa réflexion porte sur la gratuité, « sur laquelle [l’] interpellent les habitants », et l’implication des entreprises locales mécènes.
Cet article fait partie du Dossier
100e congrès des maires : mon maire, ce héros
Sommaire du dossier
- Etre maire, une mission sacerdotale
- Le regard du psychologue sur le maire
- Le regard de l’écrivain sur le maire
- Le regard du sociologue sur le maire
- Portrait-robot : le maire courage
- Le regard de l’historien sur le maire
- Portrait-robot : le maire colère
- Portrait-robot : le maire flic
- Portrait-robot : le maire aménageur
- Portrait-robot : le maire argentier
- Portrait-robot : le maire soutien de la culture
- Portrait-robot : le maire écolo
- Portrait-robot : le maire manager
- Une journée dans la vie d’un maire de 2067
- Prêtre, avocat, artiste… Ils côtoient le maire et nous parlent de leur expérience
Thèmes abordés