A l’heure où les budgets sont discutés – forcément à la baisse, crise oblige – les collectivités territoriales seraient bien tentées de raboter quelques postes, comme celui de la culture et de la préservation du patrimoine. Surtout pas, insiste une étude nationale des retombées économiques et sociales du patrimoine réalisée par l’agence régionale du patrimoine de la région PACA pour le ministère de la Culture ! Sortie dans l’indifférence en 2009, elle a ressurgi dans la blogosphère à l’occasion des journées européennes du patrimoine de septembre dernier mais aussi à l’approche de la présentation en Conseil des ministres de la loi sur le patrimoine, prévue en décembre 2013. Pour l’agence PACA, la formule économique est simple :
1 € (investi dans le patrimoine) = 28 à 31 € (de retombées économiques en métropole)
L’équation pourrait se traduire ainsi : Tout comptes faits, « L’impact économique national du patrimoine est plus de vingt fois supérieur à ce qu’il mobilise comme dépense d’investissement ».
Moteur économique – Pour les auteurs, « loin d’être une charge, le patrimoine est un moteur économique important et dynamique ». Avant de parvenir à cette conclusion, ils ont, durant plus d’un an et demi, collecté une foule de données économiques et sociales, synthétisées par région.
Certaines données sont lacunaires, la collecte ayant été faite sur une base volontaire et déclarative, focalisée sur les dix plus grands sites patrimoniaux de chaque région, baptisé « les incontournables ». Le résultat est « expérimental », concède l’étude : cette « évaluation des retombées économiques du patrimoine est plus à même de repérer les différentes formes d’impact que de les mesurer », reconnait-elle.
Mais elle met tout de même en lumière la place importante du patrimoine dans le développement économique local et particulièrement le tourisme culturel, qui génère les trois-quarts des recettes identifiées par l’étude. Explications chiffrées :
Combien coûte la préservation du patrimoine ?
Les dépenses de l’Etat en 2009 s’élevaient à 232 millions d’euros, tandis que les dépenses des collectivités territoriales étaient estimées entre 463,7 et 541,4 millions d’euros (incluant l’Outremer), soit une dépense totale comprise entre 695,7 et 773,4 millions d’euros.
Répartition du financement par collectivités territoriales
Selon une étude de 2002 réalisée par le Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture sur les financements des collectivités, ces dernières ont alloués à la restauration du patrimoine 402,3 millions d’euros, se répartissant comme suit :
Recettes générées par le patrimoine français
Selon l’étude, la billetterie, les boutiques et librairies, les visites guidées payantes, la location d’audioguides, les événements, etc. génèrent un montant de 520 millions d’euros. Mais c’est le poste des recettes indirectes qui rapporte le plus : 20,7 milliards d’euros, dont 15,6 milliards d’euros pour le tourisme patrimonial. Au total, le patrimoine génère 21,2 milliards d’euros. Pas négligeable.
Impact social du patrimoine en France
Le patrimoine, c’est plus de 500 000 emplois en France. L’immense majorité d’entre eux proviennent du tourisme (163 000) et des emplois induits (188 800). Ces derniers emplois sont définis comme étant créés grâce à l’activité générée par l’utilisation des rémunérations liées aux emplois directs et indirects du patrimoine.
Devant l’incapacité à définir précisément cette catégorie, l’agence, via l’auteur de l’étude Xavier Greffe, considère qu’un emploi créé dans le tourisme patrimonial susciterait la création de 1,6 emploi dans l’économie.
Mais le secteur du patrimoine engendre aussi 33 390 emplois directs, dont 21 334 postes de fonctionnaires. Parmi ces derniers, figurent 10 662 employés des monuments et des musées, 1394 guides, etc.
Enfin notons que la rénovation du bâti représente 62 500 emplois.
Toutefois, ces données, ayant été collectées au début de la forte progression du chômage liée à la crise, doivent être prises avec précaution aujourd’hui. Il est probable que des emplois ont été détruits dans ce secteur entre 2009 et aujourd’hui.
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Classements et labels touristiques : comment ne pas les subir
Sommaire du dossier
- Les classement Unesco et labels touristiques sont-ils des coups gagnants pour le développement économique ?
- L’Etat se veut régulateur du patrimoine mondial Unesco classé en France
- Tourisme : Le patrimoine immatériel est encore négligé par les pouvoirs publics
- L’investissement dans le tourisme de patrimoine rapporte plus de vingt fois la mise
- Les labels touristiques : des atouts et des coûts
- Patrimoine culturel : ce qui va changer pour les collectivités territoriales
- A Dijon, la labellisation de l’Unesco permet la création d’emplois
- La Roche-sur-Yon mise sur son passé napoléonien pour développer le tourisme
- Les visiteurs étrangers, enjeu essentiel du développement touristique
- Tourisme : « Il faut capitaliser sur des marques fortes qui sont capables d’entrainer tout un territoire »
- Tourisme international : la diversification des projets est un facteur de réussite
- « La notion de tourisme international n’est pas uniforme » – Nathalie Fabry
- « Les territoires souffrent de politiques événementielles pauvres »
- Tourisme international : façonner son image pour faire mouche auprès de la bonne clientèle