La fonction de Maire est traversée par une crise des vocations et il faut s’y atteler. Néanmoins, la proposition de la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, de revaloriser les indemnités des maires ne semble pas être à la hauteur des enjeux.
Les élus ne sont pas des salariés de la République qu’on pourrait fidéliser avec quelques dizaines d’euros supplémentaires. La comparaison avec le « privé » faite par le gouvernement est au mieux maladroite, au pire révélatrice d’une profonde incompréhension vis-à-vis de la notion « d’engagement ».
Ce que veulent les Maires c’est retrouver des moyens d’action pour améliorer la vie de leurs concitoyens.
Pour leur redonner des marges de manœuvre, il faut réformer en profondeur l’échelon communal. Tout d’abord poursuivre le rapprochement des communes. La France et ses 35 000 mairies représente à elle seule 40% de toutes les communes d’Europe. Cet éparpillement fait la beauté de la France, de ses paysages, de sa culture, de son histoire. Mais il conduit aussi à multiplier les élu-es locaux (plus de 520 000), qui doivent faire face à une complexification accrue de leurs missions (inflation normative, mille feuilles territorial)… sans avoir bien souvent les outils à leur disposition pour agir concrètement.
Réduction du nombre de communes
La réduction du nombre de communes doit se faire sur tout le territoire : dans les zones rurales en rapprochant les « micro-communes » de villages plus importants ; dans le périurbain en fusionnant des communes qui se touchent désormais ; dans les cœurs de métropoles, où les limites communales, lorsqu’elles ne sont pas absurdes, n’ont souvent plus vraiment de réalité concrète pour les habitant-es. Ces rapprochements ne doivent pas empêcher de conserver un échelon politique : maire délégué, maire d’arrondissement ou maire adjoint de la commune nouvellement intégrée.
Réduire le nombre de communes, et donc d’interlocuteurs, doit permettre d’apaiser les situations, de fluidifier les relations, de travailler pour l’intérêt des territoires plutôt que pour des querelles pichrocholines de clocher, de rue ou de bout de trottoir. Des communes plus grandes redonneraient plus de marge de manœuvre. Des mutualisations utiles pourraient être réalisées sur les services de proximité : polices municipales, écoles, activités sportives et culturelles…
Il faudra aussi urgemment questionner un retour plus franc des compétences de proximité aux communes, notamment s’agissant de l’espace public.
Une « réelle démocratie » dans les intercommunalités
Enfin, il faut imposer une réelle démocratie dans les intercommunalités par le suffrage universel direct. L’intercommunalité a pris une importance salutaire ces dernières d’années mais la concentration des compétences, du pouvoir, n’a pas été accompagnée d’une dynamique démocratique. Les déplacements propres, la qualité de l’air, la gestion de l’énergie, la préservation de l’eau et des sols, les circuits courts… : il est absolument hallucinant que de tels enjeux n’aient pas été préalablement débattus lors de campagnes électorales et n’aient pas fait l’objet d’un choix direct des citoyens. C’est l’une des graves anomalies de notre système politique. Peu à peu les liens se distendent. La colère monte, chez les citoyens privés de contacts, de réponses et d’humain. Chez les élus communaux aussi, de plus en plus dépendants d’intercommunalités pilotées avant tout par l’administration.
Depuis la Révolution Française, la commune incarne et fait vivre la démocratie républicaine à l’échelon local. Les Français sont attachés à ce rôle. Des communes plus grandes, plus puissantes pour agir en proximité, des élu-es intercommunaux élus qui guident les territoires, voilà ce qui permettrait à nos Maires de retrouver du sens à leur action.