De boules de cristal, les maires et les présidents d’intercommunalité n’en disposent pas. Mais, entre l’horizon bordé de dépenses et de recettes incertaines, et le rétroviseur qui leur renvoie l’image d’une herbe plus verte alors qu’ils s’attendaient à une terre brûlée, ils ont bâti un budget marqué par les surcoûts de l’énergie et des matières premières, la revalorisation indiciaire des agents (+ 3,5 % en juillet 2022) et une envolée des taux d’intérêt (de 0,62 à 2,07 % entre 2021 et 2022), plus vue depuis trente ans.
« Le manque de visibilité est la caractéristique de cette préparation budgétaire, et encore plus pour les villes que les intercommunalités », résume Franck Claeys, délégué adjoint de France Urbaine. Pour Antoine Homé, maire (PS) de Wittenheim (15 100 hab., Haut-Rhin), coprésident de la commission des finances de l’AMF et premier vice-président de l’APVF, « les budgets sont établis dans un contexte de grande inquiétude car la question de l’énergie pèse. Dans ma ville, + 33 % ». Ce sera « au minimum + 15 % pour ceux qui bénéficient du bouclier tarifaire et encore plus pour les autres », complète Denis Durand, maire (SE) de Bengy-sur-Craon (660 hab., Cher) et président départemental de l’AMRF.
A Achères (21 700 hab., Yvelines), François Dazelle, adjoint (SE) au maire, chargé des finances, table sur « 600 000 euros de plus », tandis que Michel Bisson, maire (PS) de Lieusaint (13 800 hab., Seine-et-Marne) et président de Grand Paris sud (23 communes, 354 000 hab.) prend « + 1 million d’euros sur un budget de 23 millions pour la commune et 12 millions d’euros au lieu de 8 millions les années passées pour l’agglomération. Et en tenant compte de l’amortisseur et des actions de sobriété qui ont permis 2 à 2,5 millions d’économies depuis l’automne ».
S’endetter si l’on a de l’épargne
Conseillère « finances » au sein de l’APVF, Emma Chenillat note que « 44 % d’élus envisagent la fermeture ou la réorganisation de services publics qu’ils n’assumaient pas jusqu’alors ». Toutes les factures énergétiques explosent, comme à Ambarès-et-Lagrave (16 600 hab., Gironde), avec + 700 000 euros, ou la communauté de communes Chinon Vienne et Loire (lire ci-dessous), qui la voit presque doubler, avec + 1,5 million d’euros. « Comme le filet de sécurité ne prend en compte que la moitié de la facture, il reste l’autre moitié », rappelle Antoine Homé.
« On peut s’endetter seulement si l’on a de l’épargne », renchérit Claire Delpech, responsable du pôle « finances et fiscalité » d’Intercommunalités de France. « Les économies d’énergie ne suffiront pas à compenser l’envolée des prix », selon Emma Chenillat. « Face à une augmentation des dépenses
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Gazette des Communes, Club Finances
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