L’accueil de la petite enfance est en crise. En juillet 2022, il manquait près de 9 000 professionnels dans les établissements d’accueil du jeune enfant, d’après une enquête conduite par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Les crèches n’échappent pas à la crise des vocations qui touche le secteur médicosocial, reportant la pression sur l’accueil individuel.
Or la situation n’est guère meilleure pour les assistantes maternelles. En 2020, elles étaient 270 740 salariées par les particuliers et couvraient 53 % de l’offre d’accueil des moins de 3 ans. Cela représente 56 000 salariées de moins qu’en 2015.
Inadéquation structurelle
La population, vieillissante, n’est pas assez remplacée. Un problème épineux, alors que la moitié des assistantes maternelles en activité partiront à la retraite d’ici à 2030. « Il faudrait en recruter 126 000 pour maintenir une capacité identique à aujourd’hui », s’alarme Julie L’Hôtel Delhoume, porte-parole de la Fédération des particuliers employeurs (Fepem), qui voit trois raisons à l’érosion de l’activité des assistantes maternelles. Le nombre de naissances en France recule depuis plusieurs années (- 8 % entre 2014 et 2019). Mais ce phénomène ne suffit pas à expliquer le recul de l’accueil individuel.
La Fepem constate aussi une « inadéquation structurelle » entre l’offre et les besoins des parents : horaires non adaptés, localisation des assistantes maternelles peu compatible avec leurs activités, voire repoussoir. « Si l’assistante habite dans un quartier où les familles ne se sentent pas en sécurité, elle ne travaillera pas », constate Laurence Katzenmayer, adjointe au maire (DVD) de Toulouse (493 500 hab.), chargée de la petite enfance. Or avec l’augmentation des loyers, avoir un logement assez spacieux pour cette activité professionnelle devient de plus en plus ardu.
Enfin, le soutien accru des pouvoirs publics en faveur des crèches a provoqué un recul du recours aux assistantes maternelles, la préférence des parents allant à l’accueil collectif, gage pour eux d’une meilleure qualité de l’accueil. Sombre tableau, qui ne décourage pourtant pas les collectivités, acteurs majeurs de l’accueil du jeune enfant.
Deux voies s’offrent à elles : sortir les assistantes maternelles de leur domicile, leur donner une « coloration » collective et faciliter leur professionnalisation. Une tendance qui rencontre l’appétence des assistantes maternelles nouvelles dans le métier, aspirant à être reconnues comme de véritables professionnelles. Le début d’un renouveau ?
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Accueil de la petite enfance : quand les assistantes maternelles la jouent collectif
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