La France entière, à la faveur de cette rentrée scolaire, découvre que le métier d’enseignant n’est à ce point plus désirable que nous allons manquer de près de 4 000 profs, dont une partie sera comblée par des candidats sans expérience, sélectionnés après un rapide « job dating ». Et la France entière se demande comment on a pu en arriver là.
Ce que mesure moins « la France entière », c’est que les enseignants ne sont que l’un des métiers de service public qui font face à une grave pénurie de candidats. Il y a bien sûr le manque de professionnels de santé. Mais, là encore, il s’agit d’un service public national, dont chacun, ou presque, peut éprouver l’absence.
Services publics locaux
Il en va autrement des missions et des métiers des collectivités, par définition éclatés au sein des 35 000 communes, des intercos, des départements et des régions. Ce qui empêche une vision nationale des pénuries dans les services publics locaux. Elles sont pourtant bien réelles et concernent de multiples métiers, des conducteurs de bus scolaires aux travailleurs sociaux, en passant par les maîtres-nageurs, les animateurs, les professionnels de la petite enfance, les informaticiens, les juristes, les secrétaires de mairie…
Sonnette d’alarme
Cette désaffection ne date pas d’hier. La sonnette d’alarme a été tirée de longue date par les acteurs publics locaux, car on en connaît parfaitement les causes : un « fonctionnaire bashing » soutenu depuis vingt bonnes années, un gel des rémunérations qui fait qu’un « fonctionnaire qui touchait 1 000 euros en 2010 ne reçoit aujourd’hui que l’équivalent de 820,40 euros » (1), des pressions budgétaires qui diminuent la qualité du service rendu et entament les plus solides vocations, une indifférenciation croissante entre les carrières du public et du privé, mais des écarts de rémunération rédhibitoires… Autant de raisons qui font que, en cette rentrée, la corde a cassé. Les jeunes (et pas qu’eux) se détournent des métiers publics.
Pour les reconquérir, il va falloir du temps, et y mettre les moyens, les plus déterminants étant sonnants et trébuchants. Les récentes revalorisations de carrière n’y suffiront pas. Il est temps que l’Etat donne le signal, pourquoi pas en lançant un plan de relance des carrières publiques ?