Oui, la crise sanitaire a bien rebattu les cartes du rapport au travail et des aspirations professionnelles. L’enquête sur la marque employeur de « La Gazette », menée en partenariat avec Intériale et Emploipublic.fr, en apporte les preuves. En commençant par une plus grande importance donnée à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, premier critère cité par les agents en poste dans la FPT et deuxième par le grand public. Cette année, la situation géographique du poste revêt également davantage d’intérêt pour l’ensemble des répondants, particulièrement pour les territoriaux (+ 10 points). Résultats : « Certains agents ont décidé de changer totalement de vie, de métier, de lieu d’habitation », affirme Estelle Inisan, DRH de Cergy (1 100 agents, 65 900 hab., Val-d’Oise).
Garanties statutaires
Dans un contexte économique qui se tend, la sécurité de l’emploi redevient attractive. La moitié (51 %) des salariés en recherche d’emploi la place en tête des éléments les plus importants pour eux dans le cadre professionnel, soit une hausse de 31 points par rapport à 2021. Elle fait également partie des principaux critères pour les candidats à la FPT (+ 11 points) et pour le panel « grand public », dont la moitié se dit intéressée pour travailler dans une collectivité en raison du faible risque de licenciement et de la garantie du maintien des missions. « Ce n’est pas parce que l’on prévoit, un jour, de changer de secteur, que l’on n’est pas sensible à la sécurité de l’emploi ! C’est un atout à valoriser », estime Mathilde Icard, présidente de l’association des DRH des grandes collectivités.
Ce regain d’intérêt pour le statut ne se traduit pas (encore) en matière de recrutement. Peut-être parce que les collectivités ne savent pas se mettre en valeur ? En moyenne, seule une personne sur deux estime qu’elles sont attentives à l’image qu’elles véhiculent afin d’attirer de nouveaux candidats. « On ne fait pas assez état de la diversité et de la richesse de nos métiers, qui sont pourtant des atouts indéniables », constate Emmanuelle Brissard, DRH de la ville et de la communauté urbaine de Reims (143 communes, 3 500 agents, 295 900 hab.). Malgré tout, environ six répondants sur dix ont une bonne image de la FPT.
Prétentions salariales
Comme lors des précédentes éditions, la rémunération constitue la première source de mécontentement et fait partie des éléments les plus importants dans le cadre professionnel (68 % pour le grand public, + 12 points, et 38 % pour les territoriaux). Elle représente la première raison qui inciterait à quitter son poste, toutes catégories de répondants confondues. « Dans la perspective de refonte du système de rémunération publique, nous proposons d’y intégrer, notamment, la performance collective, les acquis de l’expérience et l’égalité », signale Mathilde Icard.
Si les possibilités d’évolution et de mobilité sont jugées plus convenables cette année, la marge de progression reste conséquente avec seulement un quart des agents satisfaits sur ce point. Près de six sur dix estiment que leur collectivité ne les soutient pas assez dans leur évolution professionnelle et un sur deux est mécontent du niveau de suivi dans leur parcours professionnel.
Signe que la valorisation des potentiels, tout comme la mobilité interne, reste sous-exploitée, alors même que quatre agents sur dix aspirent à évoluer. Des possibilités d’évolution professionnelle inciteraient la moitié des agents à quitter leur poste. Plus d’un tiers le ferait pour plus de responsabilités. « Il nous faut accompagner les agents dans l’acquisition de nouvelles compétences, notamment transversales, et donner davantage de perspectives d’évolution en dehors de l’encadrement », avance Emmanuelle Brissard.
À l’écoute
Un paradoxe perdure : si trois-quarts des agents en poste se disent satisfaits de travailler dans leur collectivité, en particulier ceux issus de communes de moins de 10 000 habitants, seulement la moitié recommanderait d’exercer dans une collectivité et encore moins (36 %) dans la leur. Peut-être parce que plus de la moitié des agents n’ont pas le sentiment qu’elle est à l’écoute de leur besoin ? Alors qu’ils sont six sur dix à penser que leur manager l’est. Le degré d’autonomie et la diversité des missions sont jugés satisfaisants par plus de huit agents sur dix.
Désormais installé dans les collectivités (sept sur dix), le télétravail fonctionne là où il est déployé (moyens à disposition, clarté des missions, communication). Des freins culturels perdurent cependant. Quatre agents sur dix pensent qu’il n’est pas bien perçu par la hiérarchie. « Nous devons passer d’un télétravail subi à une organisation choisie, assumée et maîtrisée. Cela implique des relations de travail basées sur la confiance et repose sur une culture managériale davantage orientée sur les résultats que sur le contrôle », avance Estelle Inisan.
Méthode
Étude réalisée en ligne pour « La Gazette », Intériale et Emploipublic.fr, du 20 au 26 juin 2022, auprès de 2 906 répondants (1 788 élus et agents des collectivités, 68 candidats à la FPT, 50 candidats au secteur privé et 1 000 répondants représentatifs de la population française). Etude produite par Infopro Digital études (etudes@infopro-digital.com).
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