Une mobilité réduite, des situations économiques plus précaires qu’en ville, des difficultés d’accès aux soins gynécologiques et aux services publics : un rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat, publié l’automne dernier, rappelle combien ces inégalités peuvent s’accentuer et se croiser dans les conditions de vie de 11 millions de femmes dans les territoires ruraux.
Et lorsque celles-ci sont confrontées à des violences intrafamiliales, leur isolement s’en trouve accru. Seulement un quart des appels pris en charge par le numéro spécial 3919 provenaient de départements essentiellement ruraux alors que quasiment un féminicide sur deux s’y produit.
La mobilisation des élus primordiale
Ce constat, guère inédit, a nourri le lancement d’un récent appel à manifestations d’intérêt interministériel pour financer une dizaine d’associations exerçant en milieu rural à hauteur d’un million d’euros sur deux ans. Aux côtés des associations, les collectivités participent aussi au travail de prévention et de prise en charge de ces victimes, pour lesquelles la récurrence et la gravité des faits subis ont été aggravées par la crise sanitaire et sociale en cours. Si les préfectures assurent le relais de dispositifs nationaux de lutte contre ces violences à travers l’implication de délégués départementaux, la mobilisation des élus est primordiale, surtout dans des plus petites communes, où le témoignage et le dépôt de plainte peuvent s’avérer plus difficiles par peur d’un manque de confidentialité.
Pour la communauté de communes d’Ambert Livradois Forez (58 communes, 27 600 hab., Puy-de-Dôme), il s’est agi de nommer des élus référents qui participent au réseau partenarial Reprof afin de ne pas se sentir désemparés lorsqu’ils sont contactés en urgence. Ceux-ci peuvent ensuite rapidement mobiliser leurs contacts et ont appris à poser les bonnes questions.
Dans le Tarn, l’association Paroles de femmes s’appuie sur les mairies pour développer un réseau d’un peu plus de 130 personnes relais – médecins généralistes, sages-femmes ou commerçants. « C’est notre porte d’entrée pour organiser des premières réunions d’information et commencer à sensibiliser les particuliers intéressés par la distribution de plaquettes d’information. Nous complétons par une courte formation et l’organisation de repas pour faire vivre le réseau », décrit Céline Roucolle, chargée de mission « ruralité » de l’association basée à Gaillac, qui organise également des permanences délocalisées. Sur le site ou dans le magazine de la commune, sur les panneaux d’affichage, à la mairie, les élus peuvent relayer les coordonnées d’associations et de lignes d’écoute. Récemment, nombre d’entre eux ont facilité l’impression du numéro de téléphone 3919 sur des emballages de pain, des sachets de pharmacie ou des tickets de caisse pour gagner en visibilité. Car, à l’exception des grandes aires urbaines, peu de communes bénéficient de permanences d’associations spécialisées. Un maillage pourtant essentiel : « En Normandie, dans l’Ain, dans le centre de la France, il y a encore des zones peu couvertes et nos écoutantes ne savent pas vers qui référer les femmes appelantes », regrette Françoise Brié, directrice de la Fondation nationale solidarité femmes.
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Violences faites aux femmes : les collectivités s'engagent
Sommaire du dossier
- Violences conjugales : l’urgence d’un suivi contre la récidive
- Violences faites aux femmes : la riposte du monde rural
- 26 collectivités s’engagent et interpellent l’État contre les violences sexistes
- Observatoire des violences envers les femmes en Seine-Saint-Denis, un modèle depuis vingt ans
- Observatoire territorial des violences faites aux femmes : mode d’emploi
- Auteurs de violences conjugales : l’accompagnement doit prendre en compte les addictions et être préventif
- Violences conjugales : un pack nouveau départ pour les victimes
- Aide aux victimes : les 7 numéros d’appel et plateformes en ligne à connaître
- Violences sexuelles et sexistes dans la FPT : les documents ressources
- Aide aux victimes : un « référent » local pour accompagner les élus
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