A travers les initiatives locales des habitants, se crée un écosystème résilient, dans lequel chacun est amené à imaginer, agir et prendre sa place. Dans son dernier ouvrage (1), Rob Hopkins interroge le déclin de notre imagination et la manière dont nous pourrions lui redonner de la vigueur. Les dirigeants sont appelés à favoriser cet enrichissement. Selon l’activiste, l’imagination, les utopies et l’énergie qu’elles suscitent sont ce dont nous avons le plus besoin pour tourner le dos aux énergies fossiles et adapter nos modes de vie face au changement climatique dans les dix prochaines années. Si la crise sanitaire l’a empêché de promouvoir son dernier opus à l’international, le confinement généralisé a fait avancer sa cause, en diffusant l’envie et l’urgence d’un mode de vie plus ancré localement, plus sain et soutenable.
Comment le mouvement des villes en transition a-t-il commencé, chez vous, à Totnes, en Angleterre ?
J’étais professeur en permaculture en Irlande et nourrissais cette philosophie selon laquelle tout le monde devrait faire pousser sa nourriture sur son bout de terre. De retour à Totnes, j’ai réalisé que, face au changement climatique, construire chacun sa maison n’était pas la solution. Et qu’il valait mieux construire de bonnes communautés. Et je me suis demandé : serait-il possible qu’une communauté crée un chemin hors des énergies fossiles, plutôt que d’attendre que quelqu’un le fasse pour nous ? Il m’est apparu qu’un chaînon manquait entre l’action individuelle et l’action gouvernementale. Et c’est alors que, avec un petit groupe, nous nous sommes demandé : quelles nouvelles écologies pouvons-nous créer si nous montrons des films, montons des événements et des cours du soir ? Cela a intéressé de plus en plus de gens. Et, en septembre 2006, nous avons lancé le grand événement « Transition Town ». C’est parti de là, puis le mouvement a grandi et est devenu un réseau associatif, soutenant plus de 200 villes dans 50 pays. Depuis neuf ans, j’appuie ce mouvement grâce à des conférences, des vidéos en direct, des visites, des encouragements. Surtout, je raconte et transmets les histoires des groupes en transition… Un peu comme une abeille qui fait de la pollinisation croisée d’histoires ! Le seul engagement pour devenir un groupe en transition est de partager son histoire. Nous avons un site pour cela : transitionnetwork.org. Le web a permis cet essaimage à grande échelle. Mes histoires parlent de ce à quoi nous tenons le plus en tant qu’êtres humains. C’est un bonheur, un état de contentement qui va au-delà du plaisir de court terme. C’est par là qu’il faut commencer.
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Gazette des Communes, Club Techni.Cités
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