Les sĂ©nateurs ont d’abord purement et simplement sabotĂ© la crĂ©ation d’une mĂ©tropole Ă Paris. L’article 10 concernant l’achèvement de la carte intercommunale a Ă©tĂ© supprimĂ©. En cause : le seuil de 200 000 habitants Ă atteindre pour les Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale Ă fiscalitĂ© propre dont le siège se situe dans l’unitĂ© urbaine de Paris, Ă condition de ne compter aucune commune des dĂ©partements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Les sĂ©nateurs reprochent notamment Ă l’article de remettre en cause la libertĂ© des communes. Les articles 11 Ă 13 portant sur le Grand Paris mĂ©tropole et le logement en Ile-de-France ont Ă©galement Ă©tĂ© supprimĂ©s par cohĂ©rence.
Groupe de travail sur les finances pour la mĂ©tropole de Lyon – Le SĂ©nat a en revanche donnĂ© son feu vert Ă la crĂ©ation de la mĂ©tropole de Lyon au 1er janvier 2015. L’article 20 du texte crĂ©ant cette nouvelle collectivitĂ© territoriale de plein exercice a Ă©tĂ© votĂ©e par tous les groupes PS, UMP, UDI-UC, RDSE (Ă majoritĂ© radicaux de gauche), Ecologistes, Ă l’exception des communistes (CRC) qui ont votĂ© contre.
La métropole lyonnaise résultera de la fusion de la communauté urbaine de Lyon (le Grand Lyon) et de la portion du département du Rhône situé sur le périmètre urbain.
Elle sera dotĂ©e de compĂ©tences très Ă©tendues reprenant celles du dĂ©partement, principalement l’action sociale, mais aussi les compĂ©tences d’une intercommunalitĂ©, certaines compĂ©tences rĂ©gionales, avec les financements affĂ©rents.
Les questions financières (transferts, dotations…) n’ont pas Ă©tĂ© jugĂ©es suffisamment abouties et les sĂ©nateurs, avec le gouvernement, ont dĂ©cidĂ© de mettre en place un groupe de travail pluraliste sur cette question pour affiner les propositions avant la fin de la navette parlementaire.
La mĂ©tropole, dont le budget passera Ă environ 3 milliards d’euros, pourra Ă©galement reprendre des politiques exercĂ©es par les communes membres, mais aussi leur en dĂ©lĂ©guer comme l’action sociale. L’Etat pourra dĂ©lĂ©guer Ă la mĂ©tropole des compĂ©tences en matière de logement (aides Ă la pierre, logement prioritaire, droit au logement opposable) mais pas le logement d’urgence. Elle aura comme capitale Lyon et comprendra trois organes :
- une assemblée délibérante (le conseil de la métropole),
- des conférences consultatives locales des maires,
- une confĂ©rence mĂ©tropolitaine des maires chargĂ©e d’Ă©laborer un pacte de cohĂ©rence entre mĂ©tropole et communes.
En matière de gouvernance dans le projet de loi, c’est aussi le grand rabotage. Les confĂ©rences territoriales de l’action publique (CTAP), ce nouvel outil proposĂ© par le gouvernement pour permettre au niveau rĂ©gional, aux diffĂ©rentes collectivitĂ©s et Ă l’Etat d’organiser leurs compĂ©tences entre elles, devient une simple structure de dialogue.
Suppression du pacte de gouvernance territorial confirmĂ©e – La suppression du Pacte de gouvernance territorial qui devait ĂŞtre le bras armĂ© de la CTAP a par ailleurs Ă©tĂ© confirmĂ©e par les sĂ©nateurs en sĂ©ance publique. Ce pacte n’a pas Ă©tĂ© rĂ©introduit dans le texte malgrĂ© un amendement du gouvernement dĂ©fendu par la ministre de la RĂ©forme de l’Etat, Marylise Lebranchu.
« Le pacte de gouvernance clarifierait les choses, en donnant aux entrepreneurs et aux citoyens des clés pour savoir qui fait quoi et comment dans sa région », a argumenté la ministre.
« Nous ne sommes qu’au démarrage d’un processus que la navette enrichira, a répondu le rapporteur (PS) de la commission des lois, René Vandierendonck. La commission des lois a allégé la conférence territoriale. Dans l’organisation souple de ses travaux, elle ne prohibe pas la possibilité de passer des conventions. Elles trouveront leur juste place, en faisant confiance à l’intelligence territoriale. »
Une dose d’environnement pour les rĂ©gions – Enfin, les sĂ©nateurs ont apportĂ© des modifications en ce qui concerne les collectivitĂ©s chefs de file. Outre l’amĂ©nagement et le dĂ©veloppement durable du territoire, le dĂ©veloppement Ă©conomique, l’innovation et la complĂ©mentaritĂ© entre les modes de transports, la rĂ©gion devient Ă©galement chef de file pour la biodiversitĂ©, la transition Ă©nergĂ©tique et l’agenda 21 sur le dĂ©veloppement durable, Ă la suite d’amendements du groupe Ecologiste.
Un amendement du gouvernement a aussi attribué à la région les compétences sur l’internationalisation des entreprises.
Le tourisme comme compĂ©tence partagĂ©e – Le dĂ©partement demeure chef de file pour l’exercice des compĂ©tences relatives Ă l’action sociale et Ă la cohĂ©sion sociale, Ă l’autonomie des personnes, Ă l’amĂ©nagement numĂ©rique et Ă la solidaritĂ© des territoires.
Enfin, la commune a pour compĂ©tences l’accès aux services publics de proximitĂ©, le dĂ©veloppement local et l’amĂ©nagement de l’espace.
A la suite d’une série d’amendements identiques, les sénateurs ont aussi décidé que le tourisme devait demeurer une compétence partagée entre les trois collectivités.
La discussion du texte se poursuit en principe jusqu’à vendredi 7 juin…
La suppression de la mĂ©tropole de Paris saluĂ©e par l’UMP de la rĂ©gion IDF, actĂ©e par EELV
La suppression de la mĂ©tropole de Paris a Ă©tĂ© saluĂ©e mardi 4 juin par l’opposition UMP du conseil rĂ©gional d’Ile-de-France, tandis que les Ă©cologistes regrettaient un « premier acte manquĂ© pour la dĂ©mocratie locale ».
« Les sĂ©nateurs ont adressĂ© un vĂ©ritable camouflet au projet du gouvernement », a affirmĂ© ValĂ©rie PĂ©cresse, prĂ©sidente du groupe UMP Ă la rĂ©gion dans un communiquĂ©. Pour elle, « l’urgence est Ă la simplification de la carte administrative pour rĂ©duire les dĂ©penses publiques » et non Ă « marier de force les communes au sein de vastes intercommunalitĂ©s et Ă crĂ©er une nouvelle strate administrative avec la MĂ©tropole de Paris, compĂ©tente en matière d’urbanisme ».
C’est d’ailleurs Roger Karoutchi, sĂ©nateur des Hauts-de-Seine mais aussi prĂ©sident de la commission des finances du conseil rĂ©gional d’IDF qui est auteur de l’amendement qui a supprimĂ© la mĂ©tropole de Paris.
Le groupe EELV a, lui, constatĂ© « sans surprise » ce « premier acte manquĂ© pour la dĂ©mocratie locale », sans toutefois regretter la mĂ©tropole de Paris telle que prĂ©vue qui aurait « coupĂ© la rĂ©gion en deux en opposant citoyens du centre et citoyens de seconde zone ». « La faiblesse de la proposition du gouvernement, tant au niveau dĂ©mocratique qu’au niveau de la nĂ©cessaire simplification, n’a pas permis de trouver une majoritĂ© politique au SĂ©nat », a soulignĂ© Mounir Satouri, prĂ©sident des Ă©lus EELV du conseil rĂ©gional Ile-de-France.
« Les grands Ă©lus locaux, bien souvent adeptes du cumul des mandats et dĂ©fendeurs du statu quo, s’en sont ainsi donnĂ© Ă coeur joie, ce qui est regrettable pour le renforcement de la dĂ©mocratie locale et pour les collectivitĂ©s locales qui souhaitent prendre Ă bras le corps les enjeux mĂ©tropolitains du XXIe siècle », a-t-il dĂ©plorĂ©.
A l’inverse, le dĂ©putĂ© PS de Paris, Jean-Marie Le Guen s’est dit « consternĂ© » par la suppression de la mĂ©tropole de Paris, fustigeant « le conservatisme et l’irresponsabilitĂ© stupĂ©fiante » du SĂ©nat. Il compte sur l’AssemblĂ©e nationale pour rendre au texte dĂ©sossĂ© « son ambition initiale de construire une mĂ©tropole efficace, dĂ©mocratique et solidaire ».
Références








