Elus locaux : le plaidoyer de François Hollande
François Hollande : Vous dites qu’il n’y a pas eu de violence, heureusement ! Et ça tient aussi (…) aux nombreux élus locaux, à ces corps intermédiaires qui ont permis d’apaiser et de réconcilier (…). Nous avons gagné toutes les élections intermédiaires, ça n’a pas amené l’opposition à dire qu’elle avait quelque légitimité, que ce soit.
Formation : Nicolas Sarkozy s’en prend aux régions
François Hollande : Vous nous dites « formation ». On est tous d’accord sur la formation. Seulement 10 % des demandeurs d’emploi dans notre pays, et vous êtes président de la République, se voient proposer une formation. Vous nous dites : « Maintenant je vais leur proposer… » Mais il est bien temps ! Qu’avez-vous fait depuis cinq ans pour les laisser sans formation et sans qualification ?
Nicolas Sarkozy : La compétence de formation est aujourd’hui partagée entre les syndicats, les régions et l’Etat. L’Etat verse aux régions 5,4 milliards pour payer la formation.
Sur les 5,4 milliards de crédit de formation versés par l’Etat pour la formation professionnelle, 4 milliards ont été dépensés. Vous croyez vraiment que c’est de la faute de l’Etat ? Je pense qu’il faut un changement considérable pour que la formation aille à ceux qui en ont besoin, notamment aux chômeurs.
Dotations : pour Nicolas Sarkozy, l’Etat s’est sacrifié
Nicolas Sarkozy : Savez-vous monsieur Hollande, vous qui êtes depuis si longtemps éloigné des dossiers, qu’en 2009, les recettes de l’impôt sur les bénéfices de la France ont chuté du jour au lendemain de 25 % et que nous avons garanti sur 100 milliards de transferts de l’Etat vers les collectivités territoriales la stricte égalité d’une année sur l’autre ?
Droit de vote des étrangers aux municipales : le référendum de François Hollande
François Hollande : Je défends depuis longtemps le droit de vote uniquement pour les élections municipales, pour des étrangers en situation régulière sur le territoire et installés depuis plus de 5 ans (…). Je considère que ces personnes qui sont sur notre territoire depuis longtemps, qui paient des impôts locaux, doivent pouvoir participer au scrutin municipal.
Ça existe d’ailleurs dans la plupart des pays européens, notamment en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni pour les membres du Commonwealth, et en Espagne sous réserve de réciprocité.
Et je pourrais continuer ; il y a à peu près 50 pays dans le monde – beaucoup sont en Europe – qui appliquent le droit de vote des étrangers pour les élections municipales.
Pour faire passer cette réforme, il nous faudra avoir une majorité des trois cinquièmes, c’est une révision de la Constitution. Je soumettrai donc cette proposition au Parlement.
S’il y a une majorité des trois cinquièmes, ça voudra dire qu’une partie de la droite et du centre, et vous avez beaucoup de vos amis, un certain nombre, qui y sont favorables, la réforme passera. S’il n’y a pas de majorité, ça sera au peuple français, et seulement au peuple français, de pouvoir en décider.
Nicolas Sarkozy : Monsieur Hollande dit : « Ce n’est pas grave, ce sont les élections municipales « . Il a tort, parce que l’élection municipale et le maire, c’est la deuxième élection et le deuxième personnage après le président de la République ; les élections où il y a le plus de participation, c’est l’élection présidentielle et l’élection municipale.
Il a une deuxième fois tort, parce que les élus locaux que vous élisez servent à élire les législateurs, parce qu’en France, quand on élit un conseil municipal, c’est le conseil municipal qui élit le Sénat.
François Hollande : Je veux vous arrêter là -dessus. Cette règle existe déjà pour les résidents communautaires, pour les résidents européens. Et vous savez que les conseillers municipaux européens ne peuvent pas voter pour les élections sénatoriales. Donc, ce que vous avez dit est faux. Nous n’aurons pas plus de conseillers municipaux étrangers que nous n’aurons de conseillers municipaux européens, et ils auront exactement le même droit, en l’occurrence, ils n’auront pas le droit de participer à l’élection du Sénat.
Nicolas Sarkozy : Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, avec la tentation communautariste que nous connaissons aujourd’hui et que nous voyons chaque jour, que vous dénoncez comme moi d’ailleurs, à ce moment-là , pour les municipales il y aura des revendications identitaires et communautaires, des horaires différenciés pour les femmes et les hommes dans les piscines, des menus différenciés dans les cantines municipales.
François Hollande : Il n’y a aucun horaire de piscine qui sera toléré s’il fait la distinction entre les hommes et les femmes. Plusieurs municipalités ont fait… vous avez souvent cité Martine Aubry, c’est terminé depuis 2009 et c’était pour des femmes qui étaient en surpoids, qui en avaient fait la demande.
Nicolas Sarkozy : Il n’y a pas d’hommes en surpoids non plus ?
François Hollande : J’ai refusé qu’il y ait la moindre ouverture. Et si vous voulez constater qu’il n’y a plus d’ouvertures d’horaires spécifiques pour les femmes, je vous donnerai le site de la mairie de Lille pour que vous puissiez vous-même aller voir la piscine en question.
Deuxièmement, sur la viande halal, que les Français sachent bien que sous ma présidence, rien ne sera toléré en termes de présence de viande halal dans les cantines de nos écoles.
Décentralisation : François Hollande veut un nouvel acte
François Hollande : Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leurs tâches. Moi président de la République, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.