A part les indécrottables misogynes (il y en a), personne ne se plaindra de voir les sièges de députés occupés par près de 40 % de femmes pour cette XVème législature. C’est 12 points de plus qu’en 2012 ! Sacré renouvellement, « dégagisme » en prime. Mais ce beau résultat ne doit pas occulter le fait qu’il est le fruit de contraintes légales et financières, pas d’une soudaine adhésion de la classe politique.
Plafond de verre des présidences d’exécutifs
Il ne doit pas masquer non plus que la marche est encore haute, avant que les femmes occupent réellement les postes de pouvoir. Incontestablement, depuis 2014, les femmes sont enfin significativement présentes dans les institutions démocratiques.
Elles représentent, en 2017 48 % des conseillers régionaux, 50 % des conseillers départementaux, 40 % des conseillers municipaux, 32 % des conseillers communautaires. Mais elles sont beaucoup moins nombreuses à présider les assemblées locales : 16 % des maires, 10 % des départements, 3 régions sur 13… « Elles siègent davantage dans les assemblées qu’elles ne les dirigent », constate ainsi l’Observatoire des inégalités.
En 2014, les élections municipales puis les présidences d’intercommunalités ont montré de manière presque caricaturale qu’en l’absence de contrainte légale, la porte des postes de pouvoir se ferme au nez des femmes.
L’obligation de parité des listes aux élections municipales (sauf dans les communes de moins de 1 000 habitants) avait permis l’arrivée de 32 % de femmes dans les conseils communautaires. 24 % des conseils communautaires comptaient même plus de 40 % de femmes. Mais, selon une enquête de l’association « Elles aussi », elles n’étaient plus que 18 % présentes dans les exécutifs intercommunaux, et 8 % présidentes d’EPCI !
Echec pour la diversité sociale, même dans le secteur public
En outre, leur arrivée à l’Assemblée nationale n’a en rien amélioré la représentativité de ladite assemblée. Selon un décompte de Libération, « il n’y a que 33 députés qui ne sont ni cadre (intermédiaire et supérieur) ni chef d’entreprise et qui n’exercent pas une profession libérale ». Les CSP+, issus du secteur privé ou du secteur public, sont sur-représentés.
Parmi les 151 députés issus du secteur public au sens large (26,16 % des députés), 47 sont fonctionnaires de catégories A, 15 sont professeurs de facultés, 17 sont désignés comme cadres supérieurs ou cadres des entreprises publiques…
L’observatoire des inégalités analyse : « les partis recrutent essentiellement parmi les diplômés. Pour être candidat, il faut appartenir aux réseaux du pouvoir et tisser des liens qui dépassent la sphère politique (amis, relations de travail, etc.), savoir et oser s’exprimer en public. Il faut également pouvoir consacrer de longues heures à la politique au-delà de son temps de travail pour s’investir dans les réunions où les enjeux de pouvoir se décident ».
Un seul député est ouvrier en 2017, et deux sont fonctionnaires de catégorie C… La parité avance, la représentativité est un échec. Faut-il légiférer pour l’assurer ? Il a bien fallu le faire pour que les femmes accèdent aux mandats électifs…