RĂ©ponse du ministère chargĂ© des CollectivitĂ©s territoriales et de la ruralitĂ© : La question des stationnements illicites constitue un enjeu fort de maintien de l’ordre public pour l’Etat comme pour les collectivitĂ©s. Certaines situations, d’autant plus si elles sont installĂ©es dans le temps, sont problĂ©matiques au regard du non-respect du droit de propriĂ©tĂ© et des troubles qu’elles peuvent gĂ©nĂ©rer.
Dans le mĂŞme temps, ce phĂ©nomène est Ă©galement accentuĂ© par l’insuffisante mise en Ĺ“uvre des dispositifs dĂ©diĂ©s Ă l’accueil et Ă l’habitat des gens du voyage prĂ©vus par les schĂ©mas dĂ©partementaux.
La loi n° 2000-614 du 5 juillet 2000 relative Ă l’accueil et Ă l’habitat des gens du voyage pose en son article premier le principe de la participation obligatoire des communes Ă l’accueil des personnes dites gens du voyage dont l’habitat traditionnel est constituĂ© de rĂ©sidences mobiles et impose aux collectivitĂ©s figurant au schĂ©ma dĂ©partemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage de prĂ©voir les dispositifs d’accueil, d’habitat et de logement adaptĂ© rĂ©pondant aux besoins de cette population sur le territoire.
C’est Ă ce titre que les dispositifs publics que sont les aires permanentes d’accueil, les terrains familiaux locatifs et les aires de grand passage sont prescrits au schĂ©ma dĂ©partemental. Si la loi dite « Besson » offre la possibilitĂ© aux maires et/ou prĂ©sidents d’EPCI de prendre un arrĂŞtĂ© d’interdiction de stationnement hors des aires et terrains dĂ©diĂ©s et de bĂ©nĂ©ficier du concourt de la force publique pour mettre en Ĺ“uvre une Ă©vacuation forcĂ©e, cette procĂ©dure administrative demeure conditionnĂ©e Ă la mise en Ĺ“uvre des prescriptions du schĂ©ma dĂ©partemental approuvĂ©.
Or, la mise en Ĺ“uvre de ces prescriptions Ă caractère obligatoire est encore insuffisante : le taux de rĂ©alisation des prescriptions en nombre de places atteint ainsi Ă l’Ă©chelle nationale 75,4 % pour les aires permanentes d’accueil, 54,5% pour les aires de grand passage et seulement 20,1 % pour les terrains familiaux locatifs Ă fin 2021.
Dans l’Ain, le bilan Ă fin 2021 des aires et terrains familiaux locatifs prescrits par le schĂ©ma rĂ©visĂ© le 5 juin 2020 fait Ă©tat de la rĂ©alisation d’une aire permanente d’accueil de 44 places sur les 3 aires et 80 places prescrites, soit un taux de rĂ©alisation de 55 % ; 6 aires de grand passage comptabilisant 740 places sur les 12 aires et 1 580 places prescrites, soit un taux de rĂ©alisation de 50 % ; et 3 sites terrains familiaux locatifs comptabilisant 44 places sur les environ 114 places prescrites, soit un taux de rĂ©alisation de 38,6 %.
Pour rĂ©sorber ce dĂ©ficit structurel et ainsi limiter les installations illicites pour lesquelles les sanctions ont rĂ©cemment Ă©tĂ© renforcĂ©es, notamment avec l’expĂ©rimentation de l’amende forfaitaire dĂ©lictuelle sur les ressorts de six tribunaux judiciaires depuis octobre 2021, un vaste travail de relance des schĂ©mas dĂ©partementaux a Ă©tĂ© engagĂ© avec la circulaire du 10 janvier 2022 cosignĂ©e par le Ministre de l’IntĂ©rieur et la Ministre chargĂ©e du Logement.
Par ailleurs, en cas de non rĂ©alisation des Ă©quipements prescrits et de trouble grave et manifeste Ă l’ordre public, les procĂ©dures de droit commun peuvent ĂŞtre mobilisĂ©es.
A ce titre, le Gouvernement est conscient des problèmes engendrés – notamment de pollution – par des dépôts illégaux de déchets et de la charge que ces derniers représentent pour les collectivités locales.
C’est pourquoi la loi du 10 fĂ©vrier 2020 relative Ă la lutte contre le gaspillage et Ă l’Ă©conomie circulaire a Ă©dictĂ© des mesures destinĂ©es Ă mieux lutter contre les auteurs de ces mĂ©faits. Si l’auteur d’un tel dĂ©pĂ´t peut ĂŞtre identifiĂ©, et après la procĂ©dure indiquĂ©e au 1er alinĂ©a de l’article L541-3 du code de l’environnement, le maire peut dĂ©sormais en mĂŞme temps qu’il le met en demeure lui imposer le paiement d’une amende administrative dont il dĂ©termine le montant qui est plafonnĂ© Ă 15 000 euros.
Cette procĂ©dure ne fait pas obstacle Ă ce qu’il soit aussi appliquĂ© une sanction pĂ©nale par le tribunal judiciaire, laquelle dĂ©pendra de la qualification des faits reprochĂ©s puisque le fait d’abandonner des dĂ©chets ou de constituer un dĂ©pĂ´t illĂ©gal de dĂ©chets peut ĂŞtre, selon le cas, une contravention de 4e ou de 5e classe, ou un dĂ©lit (voir la rĂ©ponse Ă la question Ă©crite n° 18197 du Ministère de la transition Ă©cologique publiĂ©e dans le JO SĂ©nat du 17/06/2021).
De mĂŞme sur le raccordement illĂ©gal aux rĂ©seaux d’eau et/ou d’Ă©lectricitĂ©, l’article L. 111-6 du Code de l’Urbanisme permet au maire de s’opposer au branchement dĂ©finitif aux rĂ©seaux d’eau, d’Ă©lectricitĂ©, de gaz ou de tĂ©lĂ©phone d’une construction ou installation rĂ©alisĂ©e en mĂ©connaissance des règles d’urbanisme.
Ces dispositions s’appliquent aux caravanes, qu’elles aient ou non conservĂ© leur mobilitĂ© (CE, 7 juillet 2004, n° 266478).
Par ailleurs, le code pĂ©nal assimilant la soustraction frauduleuse d’Ă©nergie au vol (article 311-2), le maire peut s’il constate une telle infraction, saisir l’autoritĂ© judiciaire. Celle-ci pourra le cas Ă©chĂ©ant enjoindre l’auteur Ă rĂ©gulariser les factures sur la base d’une consommation supposĂ©e, payer une amende pouvant atteindre jusqu’Ă 45 000€, verser des dommages et intĂ©rĂŞts Ă la victime, payer une pĂ©nalitĂ© au fournisseur d’Ă©nergie ou, dans les cas les plus graves, effectuer une peine d’emprisonnement.
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