On sait désormais que la réforme des retraites sera plus paramétrique que systémique et que les régimes concernant les agents territoriaux (CNRACL, Ircantec et Rafp) devraient rester en l’état. Il n’empêche : la Caisse des dépôts, qui les gère, prévient qu’elle se tient « prête à mettre en œuvre, si les pouvoirs publics le décident, toute mesure préconisée dans le cadre de la réforme des retraites ».
Pour preuve de sa capacité à répondre aux besoins, ses responsables ont fait un point, le 16 novembre, sur les dernières avancées en matière de digitalisation et mutualisation des services. Des évolutions engagées pour tous les régimes : « La France a le système d’information retraite le plus performant d’Europe », se félicite Stéphane Bonnet, le directeur du GIP Union Retraite créé précisément dans ces objectifs et qui compte parmi ses membres la Caisse des dépôts et les régimes qu’elle gère.
Un parcours digital personnalisé
Première évolution : le déploiement, depuis cet été, d’une nouvelle version modernisée de la plateforme Ma retraite publique. Complément au portail commun à tous les secteurs d’activité (Info retraite), celle-ci est dédiée aux agents publics, qu’ils soient titulaires ou non.
Sa nouvelle version propose « un parcours utilisateur en fonction du profil de ce dernier, explique Frédérique Brault, responsable du pôle dédié à ces outils. Selon que l’on a 45 ou 55 ans, notamment, on n’aura quasiment pas accès à la même plateforme ».
Un agent en activité est ainsi invité à vérifier que tous ses droits sont bien pris en compte dans le déroulé de sa carrière inter-régimes. Mais lorsqu’il approche de l’âge de son départ à la retraite, des simulations lui sont proposées, ainsi qu’un récapitulatif des démarches à faire et du calendrier à respecter pour faire, en ligne, sa demande unique de liquidation. Ce moment venu, l’agent peut suivre l’avancement de son dossier.
Une fois retraité, il aura accès au récapitulatif du paiement de ses rentes et pourra, le cas échéant, télécharger des attestations.
Finis les échanges de courriers
Dans ce cadre, la Caisse des dépôts a développé un nouveau service consacré aux personnes ayant peu cotisé à l’Ircantec, comme celles ayant été contractuelles en début de carrière, avant d’être titularisées.
Objectif : éviter que celles-ci n’oublient ou ne renoncent à ces droits, même lorsqu’ils portent sur un montant réduit. En 2021, une étude réalisée par la Caisse des dépôts pointait un taux de non-recours à l’Ircantec de 41 %, contre 13 % à l’Arrco ou encore… 0 % à la CNRACL et au SRE. Depuis, ce taux a déjà été réduit à 35 %, mais la Caisse voulait encore faciliter les liquidations de ces droits.
Baptisé « Parcours affilié Ircantec », ce service est accessible depuis la plateforme Ma retraite publique. Lorsqu’une personne entame les démarches pour faire sa demande unique de retraite, si elle a cotisé un temps à l’Ircantec, la case correspondant à ce régime est automatiquement cochée par défaut parmi ceux auxquels l’agent demandera la liquidation de ses droits. Pour ne pas le faire, elle devrait donc soit « décocher » la case, soit renoncer volontairement à cette pension.
Il lui est indiqué que des données complémentaires sont attendues pour finaliser la demande auprès de ce régime.
« Un lien direct lui est proposé pour cette dernière étape à franchir pour le versement, explique Bérengère Varvou, responsable de produit digital à la Caisse des dépôts. Elle peut le faire en quelques clics, sans avoir à échanger des courriers. »
Eviter la fracture numérique
Outre la simplification des démarches pour les agents, cette digitalisation présente un autre avantage : « Il s’agit d’un parcours 100% digitalisé sur lequel aucun gestionnaire n’a à intervenir », précise Bérengère Varvou.
Alors que la Caisse, qui emploie 2 000 collaborateurs sur ces sujets, essaie « de tenir les dépenses », assure Michel Yahiel, directeur des politiques sociales, l’avantage est non négligeable. Pour les services retraite des collectivités et centres de gestion également, l’autonomie des agents apportée par la digitalisation change la donne.
« Mais il faut aussi éviter la fracture numérique, estime Pierre-Yves Blanchard, directeur du CIG grande couronne. Même si tout est très lisible et simplifié, sur les plateformes, les personnes nous demandent souvent : ‘’Ce que j’ai lu est-il bien la réalité ?’’ ».
Ces services « humains », ainsi que les centres de contact de la Caisse des dépôts, restent donc vigilants pour accompagner les agents à préparer et demander leur retraite.
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