Rien ne va plus à l’heure du déjeuner dans les écoles de France et de Navarre. Point, pourtant, de bataille de petits pois à l’horizon, encore moins de lancer de boulettes de pain. Point, non plus, de cailloux dans les épinards, comme dans la chanson du regretté Carlos. Mais l’heure est grave. Jadis des plus prospères, les ogres du secteur, Elior, Sodexo et compagnie, crient famine.
Face à l’explosion des prix des denrées alimentaires (Des laitages en particulier) et à l’augmentation de leurs frais de personnel, ils réclament une hausse de 9 % des contrats qui les lient aux communes. « A chaque repas servi, nous perdons de l’argent », s’inquiètent-ils. Il semble néanmoins que leurs caisses ne soient pas tout à fait vides…
Coup de pression
A grand renfort de publicité dans les médias, ces entreprises mettent la pression sur les maires. Dans « Le Parisien », leur porte-voix, Philippe Pont-Nouras, va jusqu’à leur demander de « décaler l’investissement dans un rond-point pour payer les repas des enfants ». Une petite phrase « typique de la démagogie ambiante », ne décolère pas le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, qui ajoute : « Les ronds-points ont permis de passer de 13 000 morts sur nos routes à moins de 3 000. »
Les tauliers des cantines ont le don de crisper les édiles, habitués à des discussions plus feutrées dans le secret des commissions d’attribution des marchés publics.
Contre-attaque
« Si ça continue, et que cela devient trop compliqué, les villes passeront en régie et n’auront plus recours à ces entreprises », met en garde David Lisnard. Les communes, fait valoir le premier magistrat (LR) de Cannes, n’échappent pas elles-mêmes au choc de l’hyperinflation. Soucieuses du portefeuille des familles, elles ne se laisseront pas imposer une hausse unilatérale des tarifs des cantines. Tout se décidera au cas par cas. En bonne intelligence. On appelle cela la décentralisation.
C’est ainsi que les géants des cantines, pompeusement rebaptisées « restauration scolaire », ont fait leur miel. C’est ainsi que chacun trouvera le bon équilibre. Loin des vieilles méthodes destinées à socialiser les pertes pour mieux capitaliser les profits.
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