RĂ©ponse du ministère de l’Économie, des finances et de la relance : Concernant la première recommandation visant Ă caler l’intĂ©gralitĂ© du paiement de la cotisation sur la valeur ajoutĂ©e des entreprises (CVAE) aux collectivitĂ©s territoriales sur une annĂ©e seulement, sa dĂ©clinaison pratique ne peut intervenir que de deux manières :
- soit l’administration estimerait, en fin d’annĂ©e N, le solde qui serait Ă dĂ©poser par l’entreprise en N+1, pour permettre aux collectivitĂ©s locales de disposer des montants en N+1 comprenant un millĂ©sime complet (acompte et solde du millĂ©sime N) ;
- soit, sur la base du dĂ©pĂ´t du solde en N+1 rĂ©alisĂ© par l’entreprise, les 1/12e de versement de recettes fiscales aux collectivitĂ©s locales seraient ajustĂ©s en milieu d’annĂ©e N+1.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, l’alĂ©a budgĂ©taire serait considĂ©rablement accru pour les collectivitĂ©s locales car les impacts des variations de versement de CVAE par les entreprises sur les budgets des collectivitĂ©s seraient considĂ©rablement accĂ©lĂ©rĂ©s avec un dĂ©lai de prĂ©visibilitĂ© extrĂŞmement rĂ©duit notamment pour les collectivitĂ©s perdantes.
En effet, quel que soit le schĂ©ma retenu, une rĂ©gularisation interviendrait nĂ©cessairement en cours d’exĂ©cution d’un exercice budgĂ©taire d’une collectivitĂ©. En pĂ©riode de crise Ă©conomique, l’impact serait encore plus marquĂ© dès lors que le système actuel prĂ©sente l’avantage de lisser sur deux millĂ©simes d’assiette les versements.
Par ailleurs, la mise en œuvre pratique serait extrêmement difficile et les résultats incertains.
Dans le premier scenario, l’administration aurait des difficultĂ©s Ă estimer le solde CVAE d’une entreprise donnĂ©e (excĂ©dentaire, reliquataire ou soldĂ©), surtout en fin d’annĂ©e, sans disposer des Ă©lĂ©ments comptables dont la date lĂ©gale de dĂ©pĂ´t n’intervient qu’en N+1. La direction gĂ©nĂ©rale des finances publiques (DGFiP) pourrait reprendre au mieux les donnĂ©es du solde prĂ©cĂ©dent mais elles ne permettraient alors pas d’anticiper la variation de l’annĂ©e courante. Enfin, le compte d’avance aux collectivitĂ©s locales (programme budgĂ©taire 833 dĂ©diĂ©) permet uniquement d’effectuer des paiements (soit des versements aux collectivitĂ©s locales) sur la base de ressources recouvrĂ©es et non sur la base de ressources estimĂ©es.
Le second scĂ©nario aurait pour consĂ©quence, pour les collectivitĂ©s locales, de ne disposer que très tardivement, dans le courant de l’annĂ©e, du montant dĂ©finitif qui leur sera allouĂ©. Cette information tardive les priverait de toute visibilitĂ© sur leurs finances contemporaines.
La deuxième recommandation visant Ă dĂ©caler de septembre Ă dĂ©cembre le versement du deuxième acompte, avec l’obligation de tenir compte de la valeur ajoutĂ©e rĂ©ellement constatĂ©e sur les onze premiers mois de l’annĂ©e est censĂ©e permettre aux entreprises d’ajuster plus finement le montant de l’acompte en disposant comme pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence d’une activitĂ© effective de 11 mois au lieu de 8, comme actuellement.
Cela Ă©tant, l’analyse des paiements effectuĂ©s ces dernières annĂ©es montre qu’un tel ajustement ne jouerait qu’Ă la marge dès lors que le montant des acomptes payĂ©s reprĂ©sente environ 93 % par rapport au montant total attendu. Ainsi, le solde rĂ©glĂ© par les entreprises ne reprĂ©sente que 7 % de l’impĂ´t dĂ», ce qui montre la bonne Ă©valuation d’ensemble des acomptes payĂ©s par les entreprises en juin et septembre.
En outre, pour les secteurs d’activitĂ© concentrant une part significative de leur valeur ajoutĂ©e sur la fin de l’annĂ©e, le versement sur les 11/12e de l’exercice crĂ©erait un effet d’aubaine inĂ©dit dont l’impact pour les collectivitĂ©s locales mĂ©riterait d’ĂŞtre mesurĂ© car il serait susceptible d’absorber la marge thĂ©orique actuelle de 7 %. Enfin, un dĂ©calage du paiement du second acompte en dĂ©cembre concentrerait sur une seule date (le 15 dĂ©cembre) le versement des deux impĂ´ts de production (le solde de CFE et donc l’acompte de CVAE). Ce report ne constituerait sans doute pas une facilitation, a minima en termes de gestion, pour beaucoup d’entreprises qui cumuleraient deux Ă©chĂ©ances lourdes dont l’une impliquant des calculs de valeur ajoutĂ©e qu’elles ne rĂ©alisent pas aujourd’hui Ă cette Ă©poque de l’annĂ©e.
Il faut relever Ă©galement qu’un report du paiement de l’acompte en dĂ©cembre pĂ©naliserait la prĂ©visibilitĂ© souhaitĂ©e par les collectivitĂ©s locales et constituerait mĂŞme une rĂ©gression forte. En effet, un report de paiement en dĂ©cembre ne prĂ©senterait aucun avantage dès lors qu’il est fait masse de tous les paiements de l’annĂ©e, qu’ils soient payĂ©s en juin, en septembre ou en dĂ©cembre, pour les reverser aux collectivitĂ©s l’annĂ©e suivante. Surtout, les estimations rĂ©alisĂ©es par l’administration Ă l’automne N et transmises aux collectivitĂ©s locales, pour Ă©valuer le montant qui leur sera reversĂ© en N+1, ne leur permettront plus de dĂ©terminer un budget sur la base de montants rĂ©ellement encaissĂ©s par l’État compte tenu du dĂ©calage du paiement du second acompte en toute fin d’annĂ©e.
Ce dĂ©calage ne permettrait plus de communiquer des simulations fiables aux collectivitĂ©s Ă l’automne et la question de leur maintien se poserait. Cela signifierait une dĂ©gradation de la qualitĂ© de service puisque, en appui aux collectivitĂ©s locales pour le vote de leur budget, sur les quatre dernières annĂ©es, les estimations rĂ©alisĂ©es durant l’automne se situent entre 98,7 % et 100 % du montant dĂ©finitivement rĂ©parti l’annĂ©e suivante, ce qui leur offre une fiabilitĂ© d’information de haut niveau qui serait nĂ©cessairement dĂ©gradĂ©e en cas de dĂ©calage du paiement en dĂ©cembre.
De mĂŞme, lorsqu’une entreprise dĂ©calerait lĂ©gèrement son paiement en dĂ©cembre, la DGFiP n’aurait pas le temps d’affecter le paiement et ne pourrait donc pas le rĂ©partir en dĂ©but d’annĂ©e N+1 aux collectivitĂ©s.
En pĂ©riode de crise, le risque de dĂ©calage de versement d’une annĂ©e complète serait donc dĂ©multipliĂ©, a fortiori avec un cumul d’Ă©chĂ©ances (ie cotisation foncière des entreprises (CFE) et CVAE) sur le mĂŞme dernier mois. Le niveau de prĂ©visibilitĂ© pour les collectivitĂ©s ne pourrait qu’Ă©voluer dĂ©favorablement.
Pour conclure, aucune des deux recommandations n’apparaĂ®t souhaitable dans la mesure oĂą elles entraĂ®neraient pour les collectivitĂ©s locales une forte imprĂ©visibilitĂ© alors que prĂ©cisĂ©ment l’objectif souhaitĂ© est de limiter les alĂ©as que prĂ©sente le mĂ©canisme actuel de paiement et de reversement de la CVAE dans un contexte de pandĂ©mie ou de crise Ă©conomique.
De manière plus gĂ©nĂ©rale, en abandonnant, d’une façon ou d’une autre, le lissage que permet le dispositif actuel de versement de la CVAE, ces recommandations rĂ©duiraient significativement le dĂ©lai d’impact des variations d’assiette dĂ©clarĂ©es par les entreprises sur les recettes reversĂ©es aux collectivitĂ©s et augmenteraient d’autant l’alĂ©a pour les budgets locaux.
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