Il faut regarder la vidéo du carnaval des coquelicots de Langouët (600 hab., Ille-et-Vilaine). Ce samedi de mai, le ciel est gris et lumineux à la fois, comme souvent en Bretagne. Parmi les carnavaliers, Daniel Cueff défile en combinaison d’apiculteur blanche, ceint de son écharpe tricolore de maire. Entre les mains, il tient un énorme bouquet de coquelicots. Marchant à pas mesurés, le visage confiant, on dirait un premier communiant égaré dans la cavalcade. Nul égarement pourtant chez cet ancien universitaire qui vient alors d’annoncer à ses concitoyens qu’il s’apprête à signer un arrêté contre l’épandage des pesticides.
Avant d’engager un contentieux administratif, la préfète Michèle Kirry requiert l’annulation de l’arrêté. Mais la décision du maire de Langouët est le fruit d’une patiente réflexion et d’une profonde détermination. Il maintient son texte et soigne chaque argument.
Education populaire
Au cours de l’été 2019, l’arrêté fait la renommée de l’homme et du village. Les journalistes se pressent, les messages et cartes postales affluent en mairie, les invitations à participer à des forums sur les dangers des pesticides s’enchaînent et se cumulent à l’agenda d’une commune engagée de longue date dans la coopération citoyenne et le développement durable. Un emballement qui conduit Daniel Cueff à annuler ses vacances estivales afin de répondre à chaque sollicitation.
Il ne faudrait pas prendre Daniel Cueff pour un perdreau. Né en 1955 à Saint-Pol-de-Léon, petite cité commerciale d’un nord Finistère profondément catholique, il est docteur en sciences de l’éducation. Un docteur qui pourfend « la dépendance à la forme scolaire » dans tous les domaines de l’action, au point d’interdire les présentations Powerpoint à la mairie. Son catéchisme, c’est l’éducation populaire. Son sujet de prédilection a longtemps été l’éducation de rue, la Pologne étant son territoire d’élection, avec sa chère Bretagne, bien sûr. A la Pologne et « [ses] amis polonais », il a consacré 82 voyages. Le goût de Daniel Cueff pour la précision semble immodéré. Et il n’y a aucun hasard si l’école communale porte le nom de Janusz Korczak, pédagogue polonais, pionnier des droits des enfants.
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Gazette des Communes, Club Techni.Cités
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