Avec Jean-Pierre Raffarin (LR), qui lâche son mandat de sénateur pour fonder une ONG luttant contre « les risques de guerre », les collectivités perdent l’un de leurs avocats les plus fervents. Toute sa vie politique durant, l’ancien Premier ministre a en effet milité pour l’émancipation des territoires.
Dans le sillage de son mentor, le président du conseil général de la Vienne René Monory (UDF), le pionnier du marketing politique a d’abord promu l’une des grandes réalisations de la décentralisation : le Futuroscope.
Patron de Poitou-Charentes (1988-2002) et de l’association des régions de France (1998-2002), il a fait de « la République décentralisée » son oriflamme. C’est lui qui, avant la présidentielle de 2002, a « vendu » ce projet à Jacques Chirac, afin de rallier les notables issus de l’UDF et de les fondre au sein de l’UMP. Pour Jean-Pierre Raffarin, qui rêvait sans doute davantage de devenir président du Sénat que président de la République, c’était là une cause sacrée.
Un acte II de la décentralisation inachevé
Devenu Premier ministre en 2002, il a inscrit la République décentralisée dans la Constitution, offrant aux collectivités des garanties face à l’Etat central. La suite a été moins concluante. Loin du blitzkrieg de l’acte I de la décentralisation (la fameuse loi « Defferre » du 2 mars 1982), Jean-Pierre Raffarin a multiplié les grands-messes appelées Assises des libertés locales. Une tribune ouverte pour les groupes d’intérêts locaux.
Contrairement à son dessein régionaliste, Jean-Pierre Raffarin a plié devant nombre de revendications de l’Assemblée des départements de France. Son acte II de la décentralisation, qualifié de vide-grenier de l’Etat par ses contempteurs, a perdu beaucoup de sa cohérence.
A son retour au Palais du Luxembourg, il a repris son bâton de pèlerin plaidant pour dix régions et le maintien des départements. Un schéma in fine en partie suivi par Manuel Valls à l’occasion de la réforme territoriale. Jean-Pierre Raffarin n’est, en revanche, jamais parvenu à se hisser au « Plateau », échouant par deux fois à l’élection à la présidence du Sénat face à l’insubmersible Gérard Larcher (LR).
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