Peut-on vraiment se parler 9 minutes sans jamais échanger réellement ? Une question philosophique que tous les spectateurs de cette étrange passe-d’armes entre le journaliste d’opinion Nicolas Beytout et Estelle Grelier, la secrétaire d’Etat chargée des collectivités territoriales n’ont pas manqué de se poser après avoir visionné les images de cette interview.
- Le premier, spécialiste de l’économie (tendance très libérale), passé par de « grandes maisons » (Les Echos, Le Figaro, RTL, Europe 1, etc.) a créé en 2013 l’Opinion dont la ligne éditoriale se définit comme « pro-libérale, pro-business, pro-européenne ». Nicolas Beytout en est aujourd’hui le directeur de la rédaction ; chaque matin il interviewe, dans une rubrique intitulée « L’Opinion de », des politiques ou des chefs d’entreprise sur l’actualité de notre pays.
- En face : Estelle Grelier. Secrétariat d’Etat en charge des collectivités territoriales depuis le mois de février, la quadragénaire a déjà une solide carrière politique derrière elle. En tant que collaboratrice d’élus les premières années, puis au sein d’une intercommunalité (communauté de communes de Fécamp, Seine-Maritime) ensuite, dont elle a pris la tête à partir de 2001, juste après les élections municipales.
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Dialogue de sourds
Ainsi quand Nicolas Beytout la questionne d’emblée sur les économies réalisées grâce à la loi NOTRe et la fusion des régions, la Secrétaire d’Etat répond : intercommunalités… explicitant le concept de « bonnes pratiques politiques à la bonne échelle ».
« C’est du niveau local-local » s’agace le journaliste en la coupant avant de la relancer sur les « possibles doublons dans les régions et les intercommunalités »… Et Estelle Grelier d’évoquer les fusions « de projets » et des économies à long terme sur une loi qui touche au plus près des millions de personnes dans leur quotidien.
Productivité, économies VS projet, long-terme
« Peut-on imaginer faire, pardon, de la productivité au sein de ces communes fusionnées ? » enchaîne alors le directeur de l’Opinion…
Réponse polie de la Secrétaire d’Etat : « Ce n’est pas exactement comme cela que nous envisageons les choses. »
Mais le point d’orgue de cette drôle de conversation est sans nul doute la question de Nicolas Beytout, son antienne à lui, sur la baisse des effectifs de la fonction publique territoriale du fait de la fusion des régions et des intercommunalités. « Vous voulez dire, d’emblée, décider de supprimer X milliers de fonctionnaires ?, ce n’est pas comme cela que les politiques publiques se portent », rétorque Estelle Grelier du tac au tac, presque outrée par cette question.
Puis après 9 minutes d’un tel dialogue de sourds, Nicolas Beytout et Estelle Grelier se quittent comme ils ont échangé : avec courtoisie, mais sans qu’aucune rencontre n’ait réellement eu lieu entre leur deux mondes.
Estelle Grelier : « Les collectivités… par Lopinionfr