Comment jugez-vous le projet de loi portant Nouvelle organisation territoriale de la République, dans sa version adoptée le 10 mars par l’Assemblée nationale ?
Du texte originel du gouvernement, il ne reste plus rien, ou presque. Les routes et les collèges sont maintenus au département. Les transports scolaires ont, certes, été transférés à la région. Mais le projet de loi prévoit une délégation au département. Dans la plupart des cas, c’est cette solution économique et de bon sens qui sera choisie… La réforme territoriale est, donc, un coup d’épée dans l’eau.
Ne croyez-vous pas à la sincérité du discours régionaliste du gouvernement ?
Alain Rousset, le président socialiste de l’Association des régions de France avec lequel j’ai débattu il y a peu, est écœuré. Il a compris que les régions n’auront finalement pas grand-chose de plus en matière d’emploi. Pire, dans le domaine économique, les métropoles empièteront sur leurs platebandes. Présidées par des personnages influents, elles seront les grandes gagnantes.
Les nouvelles grandes régions ne seront-elles pas plus fortes que leurs devancières ?
Nous allons assister à un bazar terrible. Les régions fusionnées devront harmoniser les taux d’imposition et les statuts. Il leur faudra aussi trancher la question de l’implantation des services. Tout cela prendra des années… Finalement, je suis bien content que ma région Centre n’ait pas fait l’objet d’un redécoupage. Elle était l’une des 22 régions de métropole. Désormais, elle sera l’une des 13 nouvelles entités. Voilà qui est mieux !
Pourquoi souhaitez-vous diviser le nombre de départements par deux ?
Dans les nouvelles grandes régions, qui comptent jusqu’à 13 départements, il faut réduire le nombre d’interlocuteurs. Cela tombe bien : certains conseils généraux actuels sont trop petits. Ils vivent sous perfusion. Avec la péréquation, tout le monde est perdant. Mieux vaudrait fusionner les départements par deux. Cet exercice serait assez naturel. Le Loiret, par exemple, a vocation à fusionner avec l’Eure-et-Loir, qui comme lui, recouvre une partie de la Beauce et est intégré dans le grand bassin parisien.
Où seraient les économies ?
Nous avons déjà mutualisé avec le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir notre centrale d’achat, notre service informatique et nos activités de fouille archéologique. A chaque fois, c’est le conseil général le meilleur dans l’activité visée qui emporte la responsabilité.
En quoi ces fusions s’inscrivent-t-elles dans un mouvement d’ensemble ?
Le conseiller territorial, siégeant à la fois à la région et au département, est la bonne solution. Il permet l’harmonisation entre échelons. Il réduit aussi le nombre d’élus. C’est, là, un impératif. Je souhaite deux fois moins de ministres, deux fois moins de députés et deux fois moins de sénateurs.
Qui doit présider l’Assemblée des départements de France, en cas de victoire, probable, de la droite lors du scrutin départemental des 22 et 29 mars ?
J’ai sollicité un certain nombre de personnalités sur leurs intentions. Pour moi, le président de l’Assemblée des départements de France devra être un président sortant, parlementaire et indépendant. Il ne devra pas prendre ses ordres rue de Vaugirard (NDLR : siège parisien de l’UMP) et tenir bon face au gouvernement.
Cela n’a pas été le cas durant la mandature de Claudy Lebreton (PS) ?
Claudy Lebreton qui, malgré plusieurs tentatives, n’a jamais réussi à se faire élire sénateur, ne faisait pas le poids face au gouvernement. Sur la suppression des départements, il s’est laissé endormir.
De quelle manière l’Assemblée des départements de France doit-elle évoluer ?
L’ADF a loupé le coche de la communication. Cela nous a été dommageable. Il y a plusieurs années, nous avions pourtant proposé que les départements retirent une partie de leurs moyens de communication locaux pour les mobiliser dans une communication globale au niveau national et montrer ainsi tout leur rôle. C’est dans ce sens qu’il faut aller désormais.
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