Il ne faut pas rêver. Une nouvelle fois, le pays passera à côté d’un débat qui, en l’état, n’est abordé que de manière très partielle : quelles sont l’étendue et la qualité des services publics et quelle part de la richesse nationale est mobilisée pour les produire ? Bien sûr, la dissolution surprise et, plus encore, le délai riquiqui laissé à la campagne électorale ne pouvaient favoriser l’ouverture d’un débat profond et détaillé. Mais ce n’est pas comme si la question surgissait soudainement ! Cela fait des années que les différentes formations politiques s’indignent des difficultés d’accès aux services publics.
Y’a qu’à, faut qu’on
La prise de conscience de la perte d’attractivité des carrières publiques est plus récente. On n’en a vraiment mesuré la portée que lorsque la baisse des candidatures aux concours est devenue telle qu’on ne pouvait plus couvrir les recrutements prévus. Quand même le recours facilité aux contractuels n’a plus couvert les besoins, de sérieuse, la crise est devenue gravissime. Particulièrement dans les services publics locaux, contraints de réduire les plages horaires d’ouverture de certains équipements, faute de personnel.
Le problème n’est donc pas nié. Chaque groupe politique en a fait un élément de son programme, au moins au stade des slogans de campagne. Mais en pratique, cela ne va pas bien loin. On en reste, la plupart du temps, à des « y’a qu’à, faut qu’on », pas à la hauteur de ce que représentent les services publics dans notre pacte social : une colonne vertébrale. Les 2 millions d’agents et les services qu’ils produisent au sein des quelque 40 000 collectivités ne sont ainsi mentionnés qu’à la marge. On parle « territoires » ou « ruralités » à longueur de journée ; plus rarement des moyens à mobiliser pour servir la population.
Débats
La réforme « Guerini » ambitionnait de s’attaquer aux blocages de la fonction publique, et une amorce de débats et de négociations était engagée. La dissolution y a mis un terme. Le premier tour de la campagne ne les a pas relancés. On doute que le second lui fasse plus de place. Les services publics, la fonction publique et les citoyens français méritaient mieux.
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